Le mythe de la traite des blanches : enquête sur la fabrication d’un fléau

Enlèvement et séquestration de jeunes innocentes, prostitution et esclavage sexuel, réseaux criminels internationaux : depuis plus d’un siècle, la «traite des blanches» est considérée comme un véritable fléau. Le Comité spécial d’experts de la Société des Nations est crédité d’avoir scientifiquement prouvé l’existence de ce phénomène – les militant-es anti-traite et les historien-nes contemporains font toujours référence à son œuvre fondatrice (1924-1927).

Jean-Michel Chaumont a analysé les 20 000 pages d’archives de ce comité. Elles révèlent une réalité plus effroyable encore, mais pas celle qu’on croyait. En effet, son livre analyse les opérations intellectuelles auxquelles ces «expert-es» ont procédé pour fabriquer de toute pièce un fléau en travestissant les résultats de leur propre enquête. Il examine minutieusement comment ces «expert-es», portés par leur croisade morale, ont manipulé données, documents et chiffres pour parvenir à leurs fins : prouver l’existence de la traite de femmes étrangères et la responsabilité de la réglementation de la prostitution dans cet état de fait, et obtenir la mise en place de politiques liberticides de répression et de surveillance. Ce faisant, ils ont durablement occulté et aggravé les conditions de vie déjà très difficiles des prostituées candidates à l’émigration, aujourd’hui comme hier. Plus généralement, Jean-Michel Chaumont interroge la question – politique et scientifique – des mécanismes d’élaboration de l’expertise sociale et de la responsabilité des sociologues dans la «construction sociale de la réalité».

Source : La Découverte, mai 2009

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Une évaluation du rapport de la politique sur la prostitution en Suède de Gunilla Ekberg

Janvier 2007

Par: Vincent Clausen

Traduction: Thierry

Analyse: Le rapport de Gunilla Ekberg de la politique suédoise sur la prostitution est fréquemment pris comme référence dans les débats internationaux, et forme une part des bases de connaissances sur lesquelles s’appuient les stratégies et approches qui sont discutées et construites. Il est par conséquent d’une importance grandissante de faire une évaluation de la validité des assertions spécifiques faites dans l’article d’Eksberg. Ce texte tente d’en faire l’évaluation Onze des revendications spécifiques ont été sélectionnées, et pour chacune d’entre elles analysées en regard de la véracité des sources utilisées, de l’utilisation spécifique de ses sources, et de toutes leurs fonctions dans le rapport d’Ekberg. Cet article montre que des matériaux subordonnés sont utilisés comme preuve dans l’article d’Ekberg, et que dans nombres de cas les conclusions des rapports et autres sources ont été faussées. Ekberg tire fréquemment des conclusions qui sont en contradiction directe ou autrement en conflit avec les preuves des sources utilisées. Cet article soutient que le rapport d’Ekberg devrait être vu comme un manifeste politique, plutôt qu’un essai de rapporter les effets de la prohibition de l’achat de services sexuels.

 

En octobre 2004 Violence contre les femmes a apporté un rapport de l’expérience suédoise de criminalisation de l’achat de services sexuels. (1) Ce rapport, La loi suédoise qui prohibe l’achat de services sexuels, a été écrit par Gunilla Ekberg. (2) Jusqu’à la fin de 2006 (3) elle fut fonctionnaire au ministère suédois de l’Industrie, de l’Emploi et des Communications, au sein de la Division pour l’Egalité de Genre. Elle occupait la position de conseillère spéciale sur les sujets de la prostitution et du trafic des femmes.

 

La politique suédoise sur la prostitution attire l’attention internationale, à cause de l’approche unique du gouvernement suédois. La politique de la prostitution en Suède est une politique de criminalisation. Cependant, étant opposée aux précédents internationaux en matière de criminalisation, la loi suédoise criminalise spécifiquement l’achat de services sexuels. L’offre de services sexuels n’est pas sujette à criminalisation. Cette loi a été adoptée en 1998 et pris effet le 1er janvier 1999.

 

Dans les années suivant l’adoption de la loi, il y a eu une pression internationale pour une évaluation de l’approche suédoise. Dans son article, Gunilla Ekberg dresse un rapport de l’expérience suédoise Ekberg asiste à de nombreuses conférences et audiences à l’étranger. Son article est fréquemment pris comme référence dans les débats internationaux, et forme une part des bases de connaissances sur lesquelles s’appuient les stratégies et approches qui sont discutées et construites. (4) On peut donc faire valoir, d’une importance grandissante de l’évaluation de la validité des assertions spécifiques faites dans son article.

 

Ce présent texte tente d’en faire une première. Cet article ne développera pas une évaluation de la stratégie suédoise à l’égard de la prostitution. Les principes derrière la loi suédoise ne seront pas discutés. Le présent article se concentrera sur la justification des assertions spécifiques faites par Gunilla Ekberg dans son rapport de l’expérience suédoise.

Le point de vue d’Ekberg

Initiallement, Ekberg dresse les principes qui sont derrière l’approche suédoise. Après ce paragraphe initial, l’article d’Ekberg explore pour l’embellir les effets de la loi, de manière à fournir une évaluation des résultats de la stratégie suédoise, dans le contexte des principes établis en amont. Nous devrions donc avant tout examiner la perception d’Ekberg de ces principes.

 

Selon Ekberg, la prostitution réduit les femmes engagées dans le commerce du sexe à des

marchandises.(5) La prostitution est vue comme une forme de violence, sans considération des

circonstances.(6) Il en suit que ces femmes marchandisées, sujettes à la violence sexuelle, constituent une catégorie d’êtres humains exploitables, qui ne sont ainsi pas en droit de jouir des mêmes mesures d’autonomie et de dignité que les autres.(7) Notre priorité devrait donc avant tout être d’aider les femmes engagées dans le commerce du sexe à quitter la prostitution.(8) La prostitution et le trafic d’êtres humains pour l’achat de services sexuels « … sont vu comme des sujets qui ne peuvent, et ne devraient pas, être séparés… » Ekberg n’explique pas clairement pourquoi cela devrait être souligné, ni pourquoi ces sujets ne devraient pas être traités séparément. Cependant, comme l’autonomie de toutes les femmes dans la prostitution a été réduite, la prostitution et le trafic n’apparaissent plus fondamentalement de nature différente.

 

Après avoir mis en lumière les aspects violents (ou la nature) de la prostitution/trafic, Ekberg continue et commente le concept de légalisation. Ekberg prétend que nous devrions être opposés à la légalisation, parce que de telles mesures imposent une charpente juridique, avec laquelle sont permis le contrôle et l’exploitation de la sub-catégorie des femmes marginalisées. (10) Ainsi, Ekberg conclut, que la stratégie d’élimination de la prostitution/trafic dans son ensemble par la criminalisation est préférable.

 

Ekberg prétend, que s’il n’y avait pas de demandes pour le commerce du sexe, il n’y aurait

pas de marché pour le sexe commercialisé non plus.(11) Ceci, en combinaison avec le concept de

criminalisation, produit le principe, que l’achat de services sexuels devrait être criminalisé.(12)

Il est à noter que le lien entre chacune de ces positions est sous cette formule idéologique largement implicite, plutôt qu’explicite. Cela signifie que la justification de toute la ligne du raisonnement est laissée au jugement des lecteurs.

Onze revendications spécifiques examinées

Le rapport d’Ekberg est seulement en partie une étude des preuves empiriques. La grande partie de l’article est une présentation de ses positions idéologiques. Les références aux documents politiques et les preuves empiriques sont disséminées tout au long de l’article. Nous examinerons maintenant quelques unes des assertions spécifiques faites dans le texte. Par commodité, ces assertions seront groupées en cinq thèmes.

 

A certaines occasions Ekberg fait référence à des rapports spécifiques comme source d’information de ce qu’elle présente. Dans ces cas, les revendications d’Ekberg seront comparées à ce que contiennent les sources spécifiées. Une attention spéciale sera donnée à la nature des sources utilisées par Ekberg. Dans les autres cas Ekberg ne spécifie pas ses sources. Face à ces situations, quand les sources ne sont ni indiquées ni publiées, la plausibilité des revendications faites par Ekberg seront discutées dans le contexte d’autres recherches de ce champ, qui étaient disponibles au moment de la publication de l’article d’Ekberg.

 

La liste des déclarations controversées présentées ici n’est nullement considérée comme étant une liste exhaustive. En particulier, dans nombre de cas où les sources ne sont pas indiquées, et où les sources consistent en des « conversations personnelles », elles n’ont pas été retenues comme prioritaires dans la liste ci-dessous.

 

Les citations des rapports suédois et autres sources seront fournies en abondance. Tout d’abord, cela rendra heureusement plus facile pour le lecteur de faire son propre jugement. Deuxièmement, certaines sources seront assez incommodes à obtenir pour les non-résidents de la Suède. En espérant que les citations et traductions fournies par l’auteur de cet article seront utiles au lecteur.

Thème A : Quels remaniements des marchés pour la prostitution ?

Déclaration 1 et 2

« Cela prend souvent des années après qu’une loi entre en vigueur pour que la norme exprimée dans cette loi particulière s’inscrive fermement dans une société. La loi en Suède a pris effet depuis 5 ans. Durant cette période, la prostitution de rue a décliné dans toutes les régions du pays, et la majorité des acheteurs de prostitution ont disparu. »(13) « De 1999 jusqu’à aujourd’hui, le nombre de femmes engagées dans la prostitution de rue a diminué d’au moins 30 à 50 % … »(14)

 

Dans ces deux exemples, aucune source n’est indiquée. La réduction du nombre d’acheteurs de la prostitution de rue est décrite en première page comme le résultat d’une certaine morale et effet normatif de la loi. En fait, la police est intervenue systématiquement contre la prostitution de rue, la seule zone de prostitution que la police peut efficacement contrôler. Comme en prévision, la police a rapporté un dramatique déclin du nombre d’acheteurs de prostitution dans la prostitution de rue après sa criminalisation. Comme Ekberg l’affirme : « …le nombre d’acheteurs (dans la prostitution de rue) a diminué de 75 à 80 %… »(15) Ceci est tout à fait correct, il est lié au nombre de femmes dans la prostitution de rue qui a diminué.

 

Les chiffres du second passage correspondent à peu près avec les estimations d’un rapport issu du Bureau National sur la Santé et le Bien être de Juin 2004. Selon ce rapport, la réduction du nombre de femmes engagées dans la prostitution de rue devrait être de 40%.(16) En présentant ces développements sous ce contexte, Ekberg suggère que l’offre et la demande, et ainsi la prostitution dans son ensemble, a diminué comme résultat de la criminalisation. Une des controverses à ce sujet est, cependant, que ce déclin à la fois de la demande et de l’offre dans la prostitution de rue après l’intervention de la police devrait être soit interprété comme une diminution du marché de la prostitution dans son ensemble, soit devrait être vu comme le remaniement et la réorganisation des marchés de la prostitution. En d’autres termes, que la prostitution s’est déplacée d’une scène (la prostitution de rue), qui est contrôlée par la police, à d’autres scènes qui ne peuvent pas être efficacement contrôlées.

 

Un autre point (fréquemment négligé) devrait être présenté ici. Le fait qu’un nombre de personnes isolées ont entièrement quitté la prostitution ne témoigne pas en soi d’une réduction d’ensemble de la prostitution. Des personnes isolées sont toujours entrées dans la prostitution à un temps donné, puis l’ont quitté plus tard. Certaines entrent dans la prostitution pour la quitter de suite. Ce n’est pas un fait particulier de la prostitution mais de toutes les scènes de prostitution.

 

Conclusion. Quand on parle seulement de prostitution de rue, plutôt que de la prostitution dans son ensemble, il est correct de dire qu’il y a eu un déclin de la prostitution. Il est cependant, trompeur de décrire ce déclin comme s’il était le résultat d’une certaine morale ou effet normatif de la loi. En évacuant la discussion du « déclin » ou du « remaniement », Ekberg suggère que les développements dans la prostitution de rue reflètent une nouvelle prise de conscience morale, et une diminution globale de l’offre et de la demande.

 

Déclaration 3

« … le recrutement de nouvelles femmes (dans la prostitution de rue) est presque parvenu à un arrêt»(17)

Il n’y a pas de source claire pour cette information. La prostitution de rue est présente dans les trois grandes villes de Suède : Stockholm, Gotheborg et Malmo. Selon un rapport issu du Bureau National sur la Santé et le Bien être en Juin 2004, le nombre de femmes engagées dans la prostitution de rue à Stockholm et Gotheborg s’est stabilisé, pendant qu’il a été en augmentation estimée de 69% à Malmo depuis 1999.(18). Tandis qu’il est vrai de dire, que le nombre de femmes dans la prostitution de rue en Suède a diminué dans son ensemble depuis que la loi a pris effet, il peut difficilement être prétendu, que : « … le recrutement de nouvelles femmes est presque parvenu à un arrêt ».

 

Conclusion. Il n’est pas correct de dire que le recrutement de nouvelles femmes dans la prostitution de rue est parvenu à un arrêt. Aussi, il n’est pas clair quelle source a été utilisée.

 

Déclaration 4

« Il n’y a pas de preuve que la vente de femmes s’est déplacée des rues à Internet… »(19) La source indiquée est une série de rapports annuels sur la prostitution, issue de la police de Stockholm, 1991-2002. Ces rapports ne sont pas publiés. Un rapport issu du Bureau national de la Santé et du Bien être constate que : « Il y a aussi des informations des autorités et des offices de police qui affirment que d’autres types de prostitution (autres que la prostitution de rue) ont augmenté, tels la prostitution via les média Internet et la prostitution en appartement, et les hôtels/restaurants. »(20) « La majorité (des informateurs clés) croit que beaucoup (de prostituées de rue) se sont déplacées vers d’autres scènes et modes de contact, tels Internet et les téléphones mobiles. Un certain nombre de prostituées se sont fait une clientèle stable et n’ont donc plus besoin d’être présentes dans les rues. »(21)

Il est signalé que des facteurs autres que la criminalisation devraient être pris en compte, telle la popularisation d’Internet et des téléphones mobiles. De comparables développements été déjà

observés en 1998 (avant la criminalisation).(22) Ainsi, l’augmentation des médias Internet et d’autres formes de prostitution en intérieur peuvent être ou peuvent ne pas être des effets de la nouvelle situation légale. Pareillement, le Bureau National de la Santé et du Bien être note dans un rapport plus tardif, que l’augmentation de la prostitution sur Internet n’est pas un phénomène suédois isolé, des développements similaires sont aussi observés dans d’autres pays, tels les Etats Unis.(23) Ainsi, selon le bureau il est discutable de savoir si oui ou non, et dans quelle mesure, l’augmentation notée de la prostitution sur Internet et via les téléphones mobiles dans le précédant rapport est un résultat de la prohibition de l’achat de services sexuels. Une chercheuse indépendante Petra Ostergren a conduit une étude qualitative comprenant la participation de quinze femmes engagées dans la prostitution. Le mouvement des rues vers

Internet est confirmé par les conclusions de cette étude : « Les informantes ont considéré qu’il est plus difficile d’entrer en contact avec les clients en extérieur depuis la loi de criminalisation. En conséquence, les fournisseurs de services sexuels doivent à un degré plus haut se relier à d’autres chaînes de contact, tels Internet et des proxénètes, ce que certaines ont considéré être désavantageux. »(25)

 

Conclusion. Ekberg fait allusion ici aux sujets de « déclin » ou de « remaniement » des scènes de la prostitution, bien que dans le contexte réduit de la rue face à la prostitution sur Internet. Selon les rapports du Bureau National sur la Santé et le Bien être, un remaniement a pris place, bien qu’il ne soit pas clair si, et dans quelle mesure, ceci est un résultat de la criminalisation. Qu’importe les causes, le déclin de la prostitution de rue et l’augmentation de la prostitution sur Internet (et d’autre types) ont pris place simultanément. Ceci est soutenu par d’autres preuves (Ostergren). Donc, Ekberg est en erreur en prétendant qu’il n’y a pas de preuve que la prostitution s’est déplacée des rues vers Internet.

Déclaration 5

« Par contraste, depuis que la loi est entrée en force, il n’y a pas d’augmentation notable du nombre d’hommes suédois qui voyagent vers d’autres pays comme touristes sexuels. »(26) Aucune source n’est indiquée. Une étude de la population sur les habitudes sexuelles des citoyens suédois, a conclu en 1996 à la requête de l’Institut National de la Santé Publique, que : « Presque 80% de tous les contacts sexuels contre paiement ont eu lieu à l’étranger. »(28) Il est plus loin affirmé que : « Beaucoup d’hommes ont seulement expérimenté le commerce du sexe à l’étranger, et ne sont rarement ou jamais acheteurs sur le marché suédois. »(29) Notez que cette étude reflète la situation avant la criminalisation.

En fait, il y a eu une augmentation du tourisme sexuel suédois vers la Finlande voisine. Le client suédois va en Finlande, ramasse une femme fournissant des services sexuels, et la ramène du côté suédois de la frontière. Conséquemment, ils vont passer un ou plusieurs jours ensemble. Un rapport issu du Département d’Investigation Criminel National établit en 2003 : « De plus en plus d’acheteurs de services sexuels dans le pays de Norrbotten sont aujourd’hui les hôtes de ces filles qu’ils ont précédemment rencontré par exemple à Kemimaa, Tornea et dans d’autres endroits en Finlande. Certains des acheteurs de services sexuels/hôtes visitent régulièrement d’autres femmes à Murmansk qu’ils ont précédemment rencontré en Finlande. Les réseaux entre les acheteurs de services sexuels/hôtes, les femmes et les personnes en charge de leur transport se sont constamment développés. »(30)

Au moment où l’article d’Ekberg a été publié, il y avait aussi des indications d’une certaine augmentation du tourisme sexuel suédois vers le Danemark voisin. Par exemple, une augmentation du nombre de voitures suédoises a été notée dans les environs de Copenhague, où la prostitution de rue a lieu.(31) Cette projection n’était cependant pas encore assez claire à ce moment.

 

Conclusion. Comme seulement 20% du nombre total des contacts de prostitution avait lieu en Suède, une des questions aurait pu avoir pour base l’augmentation du tourisme sexuel au moment de la criminalisation : les utilisateurs suédois de la prostitution voyageaient déjà à ce moment vers l’étranger. Cette situation donnée avant la criminalisation, le potentiel d’une augmentation du tourisme sexuel aurait dû être plutôt faible. En dépit de cela, il y a dans les faits une augmentation du tourisme sexuel suédois. Ainsi, l’affirmation d’Ekberg, « il n’y a pas de notable augmentation du nombre d’hommes suédois qui voyagent vers d’autres pays comme touristes sexuels », représente mal l’existence d’un savoir dans ce champ.

Thème B : La campagne d’affichage

Déclaration 6

« Trois affiches ont été réparties dans 2 215 locations publiques à travers le pays, incluant les abris de bus, les stations de métro, et les tramways. Les affiches illustraient plusieurs thèmes et étaient conçues avec des messages et des graphiques. L’affiche #1 dépeint un homme bien habillé dans un costume et qui expose une proéminente bague de mariage sur sa main. Il y est affirmé :

« Il est temps de tirer la chasse pour faire partir les michetons hors de la Baltique. »(32)

Le slogan sur l’affiche en suédois est : « Nu gar torsken till runt Ostersjon »(33)

La traduction correcte est : Le micheton rôde maintenant dans la mer Baltique. L’affiche en question ne dit rien sur « tirer la chasse » ou autrement mettre les michetons « hors de » la Baltique. L’affiche affirme plutôt, que le tourisme sexuel prend maintenant place au sein de la mer Baltique.

 

Conclusion. Ekberg déforme ici délibérément la traduction, probablement pour dissimuler la contradiction manifeste à ce qu’elle prétend ailleurs dans le même article : « … il n’y a pas de notable augmentation du nombre d’hommes suédois qui voyagent vers d’autres pays comme touristes sexuels. » (déclaration 5)

C’est une désinformation criarde.

 

Thème C : La confusion entre « prostitution » et « prostitution de rue »

Déclaration 7

« Au début des années 1990, approximativement 2000 femmes étaient dans la prostitution de rue danoise, comparées avec les 5500 à 7800 en 2004… »(34) « 5500 à 7800 » est une estimation du nombre total des femmes dans la prostitution au Danemark. Les chiffres ne se réfèrent pas à la prostitution de rue. La source d’Ekberg, un article(35) des informations danoises de TV2 sur Internet, dit que :

« En Suède, qui a des lois restrictives, il y a 2500 femmes dans la prostitution comparées aux

5500 à 7800 au Danemark. »(36)

 

Conclusion. L’énoncé d’Ekberg est manifestement faux et aussi inconsistant avec la source indiquée. Cet énoncé sert à donner au lecteur une impression de la Suède ayant d’une manière accablante plus de succès que ces pays voisins. Aussi, Ekberg utilise plutôt une source subordonnée.

 

Thème D : La réduction du marché de la prostitution ?

Déclaration 8

« Il est estimé que le nombre de femmes dans la prostitution a diminué passant de 2500 en

1999, avant que la loi entre en vigueur, jusqu’à pas plus de 1500 femmes en Suède en 2002…»(39)

Ekberg nous fournit pas moins de sept sources :

1) « Parkrun 2004 »

2) « Sexkopslagen biter, Prostitutionen minskar i Sverige, (2004) »

3) « Otiz (2001) »

4) « Gripenlof, 1991-2002 »

5) « T.Ekman, Directeur pour le groupe Anti-Trafic de l’Autorité de police de Gotheborg…,

Conversation personnelle, 16 janvier 2004 »

6) « S-A.Mansson, Ecole du Travail Social à l’Université de Gotheborg, Conversation

personnelle, 12 Janvier 2004 »

7) « M.Sjostrand Persson, Directeur pour le groupe Prostitution au Service Social de Malmo,

Conversation personnelle, 16 Janvier 2004 »

Il n’y a rien de clair dans la présentation d’Ekberg de ses sources où nous pourrions trouver exactement ce qui puisse soutenir sa revendication : de 2500 à 1500. Ce qui est clair, c’est que trois de ses sources ne sont pas des matériaux écrits (conversations personnelles). Pour une audience internationale, il sera exigé de cette recherche qu’elle précise quelle est la nature du matériel écrit. « Parkrun », « Sexkopslagen » et « otiz » sont des articles de journaux, tandis que « Gripenlof, 1991-2002 » est une série de douze rapports annuels issus de la Police de Stockholm.

« Parkrun (2004) » est un petit article(40) dans Goteborgs-Posten écrit par Eva Parkrud(41).

Parkrud prétend que le nombre de femmes engagées dans la prostitution de rue a diminué de

25%.(42) Elle prétend de plus :

« Environ 2500 femmes dans la prostitution de rue fournissaient des services sexuels payés avant que la criminalisation de l’achat de services sexuels devienne effective, le 1er Janvier 1999.

Aujourd’hui, cinq ans plus tard, le nombre de femmes dans la prostitution a diminué de 500 à

1000 femmes. »(43)

Parkrud n’indique pas de rapport ou de document, qui puisse soutenir la prétention d’une réduction de 500 à 1000 (ou n’importe quel autre chiffre) femmes dans la prostitution. Parkrud échoue à concevoir, que le nombre de 2500 réfère au nombre total de femmes dans la prostitution, et non de la prostitution de rue seulement. Exactement, la même erreur est faite une fois encore par Parkrud, quand elle se réfère à la prostitution de rue danoise. Selon Parkrud, le Danemark a entre 6000 et 7000 femmes dans la prostitution de rue. Le nombre en fait se réfère au nombre total de femmes dans la prostitution au Danemark.

Il semble, que ce que Parkrud a fait, a été de1) trouver que la prostitution de rue a diminué

de 25%, 2) prétendre erronément que le nombre de femmes dans la prostitution de rue avant

1999 était de 2500 et 3) calculer qu’un quart de 2500 est 625, entre 500 et 1000. L’article de

Parkrud est pauvre en recherches et basé sur des données erronées.

« Sexkopslagen biter, Prostitutionen minskar i Sverige » (2004) » est un article(44) dans

Hufvudstadsbladet (un journal finlandais), écrit par Stefan Lundberg. L’article de Lundberg reproduit fondamentalement le contenu de l’article de Parkrud dans le Goteborgs-Posten. L’article de Lundberg a été publié un jour après celui de Parkrud. Lundberg prétend :

« Goteborgs-Posten a expliqué comment la loi marche en Suède. La loi suédoise a pris effet le

1er janvier 1999. A cette date là, on pense que 2500 femmes dans le pays étaient engagées dans la prostitution. Maintenant, cinq ans plus tard, il y a eu une réduction de 500 à 1000.

L’information vient de la police et des autorités sociales. »(45)

A l’opposé de Parkrud, Lundberg ne confond pas « prostitution » et « prostitution de rue ».

Mais il retient le chiffre de 500 à 1000, qui est clairement reproduit de l’article du Goteborgs-

Posten. Quand il prétend que « L’information vient de la police et des autorités sociales », le lecteur sera encore plus dérouté. Cette phrase en particulier est reproduite du Gotesborg-Posten, où le professeur Sven-Axel Mansson explique que les chiffres sur la prostitution de rue sont basés

sur l’information de la police et des autorités sociales.(46) Quand Lundberg prétend que « … il y a eu une réduction de 500 à 1000. L’information vient de la police et des autorités sociales », cela donne au lecteur l’impression que les chiffres de 500 à 1000 peuvent être soutenus par « la police et les autorités sociales », ce qui n’est pas le cas. Parkrud a présenté ces chiffres à ses propres dépens, mais dans la version de Lundberg « la police et les autorités sociales » prêtent involontairement légitimité à l’énoncé de Parkrud.

« Otiz (2001) » est un article(47) paru dans Dagens Nyheter écrit par Caspar Opitz(48).

Comme le titre de l’article le suggère (La prostitution de rue diminue), l’article a pour sujet la prostitution de rue. Il y est aussi discuté sans y apporter de conclusion si oui ou non la réduction du nombre de femmes dans les rues est parallèle à une augmentation de la prostitution en intérieur. L’article d’Opitz confirme la réduction bien connue du nombre de femmes dans la prostitution de rue, et plus spécifiquement de la prostitution à Malmskillnadsgatan dans le centre de Stockholm. Mais son article ne soutient pas la prétention d’une réduction de 2500 à 1500 femmes dans la prostitution.

« Gripenlof, 1991-2002 » se réfère à douze rapports annuels consécutifs, issus de la Police de

Stockholm, 1991-2002. Il n’est pas clair dans l’article d’Ekberg que a) la réduction de 2500 à

1500 ait été trouvée dans une quelconque formulation particulière des rapports Gripenlof ou si b) c’est l’opinion d’Ekberg, qui fait que tous les développements présentés dans ces rapports ont combiné au point d’une telle réduction.

Dans la première hypothèse, nous pouvons nous demander pourquoi il n’y a aucune référence à une page spécifiée dans le rapport spécifié- et aussi pourquoi les rapports de 1991-1998 (avant la criminalisation) sont pertinents. Dans une seconde hypothèse, Ekberg aurait présenté son analyse explicitement, nous aurions donc pu avoir une chance de suivre sa ligne de pensée.

Nous devrions noter, que les rapports de Gripenlof ne sont pas publiés. Ainsi ils ne sont pas publiquement disponibles. Or, Anders Gripenlof, le co-auteur de ces rapports, a personnellement établi en Avril 2003, qu’on ne sait pas si la criminalisation a eu un effet sur le nombre total de femmes dans la prostitution en Suède :

« La criminalisation des utilisateurs de la prostitution a contribué à une réduction de la prostitution de rue en Suède. Le nombre de femmes dans la prostitution à Malmskillnadsgatan(49) a été réduit de plus de 50%. D’un autre côté, nous ne savons pas s’il y a eu un effet sur la prostitution dans son ensemble, a dit l’inspecteur criminel Anders Gripenlof du groupe prostitution au département d’investigation de la police métropolitaine » (50)

Les trois autres sources restantes sont toutes des « conversations personnelles ». Si ces conversations devaient servir comme preuve, nous devrions savoir qui a dit quoi exactement, et – plus important- sur quels rapports, matériels ou analyse leurs énoncés sont fondés. Aucune de ces informations n’est fournie par Ekberg.

Comme signalé plus tôt dans l’article, l’observation du nombre de personnes isolées quittant la prostitution entièrement ne témoigne pas en lui-même une réduction de la prostitution dans son ensemble. (voir déclarations 1 et 2)

 

Conclusion. Ekberg ne réussit pas à présenter une quelconque documentation d’une quelconque réduction du nombre de femmes dans la prostitution dans son ensemble à travers les rapports de Gripenlof et de ses trois conversations personnelles.

L’article d’Opitz sur la prostitution de rue n’est pas pertinent.

Cela nous laisse avec l’article de Parkrud dans le Gotesborgs-Posten et l’article de Lundberg dans Hufvudstadsbladet. Comme expliqué ci-dessus, l’article de Parkrud est pauvre en recherches, confus et basé sur des données fausses. L’article de Lundberg est reproduit de l’article de Parkrud. Cela signifie qu’Ekberg ne réussit pas à spécifier même une simple pièce de documentation pour une quelconque réduction dans le total du nombre de femmes dans la prostitution.

Comme signalé ci-dessus, la prétention de Parkrud (une réduction de 500 à 1000) est basée sur un traitement erroné de données. Lundberg radicalise les écrits de Parkrud quand il prétend que l’information vient de la police et des autorités sociales. La version de Lundberg est radicalisée encore plus quand elle se termine dans l’article d’Ekberg,où la réduction est maintenant supposée d’un total de 1000. C’est une mystification, débutant à Goteborg (Goteborgs-Posten), puis passant par helsinki (Hufvudstadsbladet), puis à l’article d’Ekberg, et ensuite par sa traduction en anglais à la communauté internationale via Internet. Ces articles de journaux ne sont pas seulement de faible qualité, ils sont une source de désinformation.

Thème E : Les effets sur le niveau du trafic des êtres humains

Quelques remarques devraient être faîtes ici à propos des conceptions suédoises du trafic.

Cela est nécessaire afin d’améliorer notre compréhension de l’information statistique fournie par le Département d’Investigation Criminel National (NCID).

Dès le début, les rapports du NCID ont défini l’acte de trafic d’êtres humains en accord avec la

définition d’Europol.(51) Les NU n’ont pas encore à ce jour adopté son protocole de Palerme(52).

Ce protocole contient la première définition acceptée internationalement de l’acte de trafic d’êtres humains. Les développements concernant le niveau de trafic ont été systématiquement contrôlés depuis 1999.

En Suède, la législation spécifique sur le trafic d’êtres humains a été adoptée en 2002. Elle a été amendée en 2004, afin de se mettre en conformité avec le protocole de Palerme des NU.

Comme telle, la législation suédoise (54) sur le trafic d’êtres humains est inspirée du protocole de

Palerme. La législation révisée de 2004 détourne l’attention de la dimension transnationale à la condition de contrôle qui est exercé sur la victime. (56) En conséquence, les rapports annuels sur le trafic du NCID, issus de 2005 et 2006, ne fournissent pas d’estimation sur l’étendue du trafic. (58)

Le sujet du trafic est fréquemment sujet à des discussions sur sa définition. Il y a une forte tendance dans le débat suédois à l’égard de cette notion de parler généralement de la prostitution comme une violence et exploitation. De ce point de vue, la prostitution au-delà des frontières tend à être perçue comme du trafic sans égard des circonstances.

En effet, il n’est pas entièrement clair comment, et si le NCID distingue entre le trafic et

l’organisation transnationale de la prostitution vers la Suède.(59) Dans le premier rapport du

NCID (publié en 1999) il est établi que « Le problème avec la considération d’établir une étendue

du problème du trafic des femmes est qu’il est très difficile d’estimer le nombre obscur. Dans la

nature de ce cas, toutes les parties impliquées, les organisateurs, les femmes, et les clients, n’ont

aucun intérêt dans la pénétration (des autorités) de leurs activités. »(60) Le sixième rapport du

NCID sur le trafic (publié en 2004) établit que : « Selon l’évaluation du Département d’Investigation Criminel National entre 400 et 600 femmes peuvent avoir été amenées jusqu’en Suède pour être utilisées dans la prostitution en 2003. »(63) Ceci soulève quelques questions. Concernant l’extrait du premier rapport de la situation : Si ‘les victimes de trafic’ incluent les femmes qui « n’ont aucun intérêt » à gagner dans la pénétration des autorités de leurs activités criminelles, comment le NCID distingue entre le ‘trafic’ et l’immigration illégale’ ? Les extraits du sixième rapport de la situation suggèrent qu’aucune distinction entre le ‘trafic’ et ‘l’organisation transnationale de la prostitution’ n’est faite.

Il a été noté dans un rapport issu du ministère norvégien de la Justice que les perceptions populaires mentionnées ci-dessus – donc communément abordées dans le débat suédois et les politiques du gouvernement- en combinaison avec la confusion des définitions, peut mener à une surestimation du nombre de victimes de trafic où que l’aspect transnational soit présent, et à une sous-estimation comparable de la prostitution transnationale régulière.(64)

Pour résumer, la législation a été amendée en 2004 afin de se mettre en conformité avec le protocole de Palerme des NU. La démarcation entre le trafic des êtres humains, la prostitution transnationale organisée et l’immigration illégale n’est pas claire, du moins dans les rapports publiés antérieurement à l’amendement de 2004. Apparemment, la définition appliquée par les NCID (du moins jusqu’en 2004) est différente de la définition des NU, elle semble être élargie pour inclure une certaine proportion de prostitution non relatée au trafic(65), incluant la prostitution transnationale régulière et l’immigration illégale. Dans les rapports annuels conséquents du NCID sur le trafic, issus de 2005 et 2006, aucune estimation de l’étendue du trafic n’est fournie.

Le rapport d’Ekberg de la politique suédoise de la criminalisation traite seulement avec les développements du niveau des activités de trafic avant 2004, donc les amendements n’affectent pas directement son article. Nous laisserons donc ce sujet de côté, comme il n’y a pas à la portée de cet article de quoi traiter avec de plus amples détails

 

Déclaration 9

« Au Danemark, 5500 à 7800 femmes sont prostituées chaque année. Il est estimé que plus de 50% de ces femmes sont victimes de trafic d’êtres humains. »(66)

« Chaque année » suggère une séquence. Le nombre de 5500 à 7800 est une estimation du nombre de femmes dans la prostitution, il ne réfère pas au nombre de femmes qui entrent dans la prostitution chaque année. L’expression « chaque année » permet une comparaison avec une autre prétention sur la même page de l’article d’Ekberg :

« Le NCID estime qu’entre 400 et 600 femmes sont trafiquées vers la Suède chaque année… »

Comparer ‘50% ou plus des 5500 à 7800’ du Danemark au ‘400-600’ de la Suède suggère que

la Suède a de manière accablante plus de succès dans son combat contre le trafic que le

Danemark. Tout d’abord, c’est une comparaison de chiffres incomparables, et deuxièmement, cela ne nous dit pas si ou non la situation en Suède a changé depuis la criminalisation.

En affirmant que « Il est estimé que 50% ou plus de ces femmes sont victimes de trafic »,

Ekberg reproduit la prétention qui est présentée dans les débats publics, de ce qui n’est qu’un

seul document écrit : un article du journal de Goteborgs-Posten.(68) Dans l’article de Britt

Ledberg où il est établit que :

« Il y a 5500 à 7800 personnes estimées dans la prostitution au Danemark. Il y a deux ans

30% d’entre elles étaient des citoyennes étrangères, cette année ce chiffre est de plus de 50%

»(70)

Nous ne discuterons pas les chiffres présentés ici, en particulier la comparaison entre 30% et

50%. Aussi, il serait plus correct de la part du Goteborgs-Posten de parler de personnes d’origine étrangère plutôt que de citoyens étrangers. (71)

Nous noterons cependant, que l’article de Ledberg ne fournit aucune donnée qui puisse justifier l’assertion d’Ekberg- que la moitié (ou plus) de ces femmes dans la prostitution au Danemark sont victimes de trafic. Ceci est un exemple de la commune confusion entre prostitution transnationale et trafic.

L’article de Ledberg traite en premier lieu de la prostitution de rue, plutôt que de la prostitution en général. Une comparaison des politiques suédoises et danoises sur la prostitution ne devrait pas être faîte sur les bases de la prostitution de rue uniquement. L’information et les points de vue présentés dans les rapports du NCID sont réitérés, mais aucune preuve indépendante n’est fournie. Prostitution et prostitution de rue sont mélangées. (72)

 

Conclusion. Ekberg présente ces données de façon qui suggère au lecteur, que les chiffres de

Suède et du Danemark peuvent être comparés l’un à l’autre. Ceci facilite une conclusion invalide : que la Suède a de manière accablante réussi à combattre le trafic, comparée au Danemark. (Pour des exemples spécifiques de telles comparaisons invalides inspirées de l’article d’Ekberg, voir Annelise Ebbe : Skal vi have svenske tilstande? (73) et Agnete Strom : Erfaringer med den svenske loven om kjøp av seksuelle tjenester (74). Ekberg confond prostitution transnationale et trafic. Sur ces bases de confusion, elle présente l’extrême notion de moitié (ou plus) des femmes dans la prostitution au Danemark comme étant victimes de trafic, une prétention qui ne peut être soutenue par aucune preuve. Au total, on peut se demander si la confusion d’un article de journal entre prostitution et prostitution de rue est pertinente comme une quelconque preuve.

 

Déclaration 10

« Le NCID estime qu’entre 400 et 600 femmes sont trafiquées vers la Suède chaque année, principalement des pays d’Europe de l’Est comme l’Estonie et la Lithuanie, aussi bien que de Russie. Ce nombre est resté parfaitement constant durant les dernières années… »(75)

La source indiquée est le sixième rapport du NCID. Ce que ce rapport dit en fait à propos du développement de ce nombre des victimes de trafic est ceci :

« Que l’information concernant le trafic des êtres humains augmente avec persistance ne signifie pas nécessairement que le nombre de crimes augmente mais qu’il peut être causé par le fait que la police et d’autres perçoivent ce crime et le comprennent d’une autre façon que précédemment…Cette évaluation faîte par le Département d’Investigation Criminel National du nombre de victimes de trafic d’êtres humains peut avoir été trop bas dans les années précédentes. »

Le rapport n’établit pas que le nombre est resté ‘parfaitement constant’.

Autant dans le cinquième que dans le sixième rapport annuel sur le trafic, issu du NCID, il est affirmé qu’il y a une augmentation en information reçue concernant le développement du nombre de femmes sujettes au trafic. (77)

Dans le cinquième rapport, il est signalé qu’une part de l’information n’a rien fait sortir qui soit en rapport avec le trafic, mais peut être d’autres formes de crime ou de prostitution. (78)

En conséquence, le NCID dresse la conclusion suivante à propos des développements de 2002:

« En dépit du fait que le nombre de rapports sur le trafic d’êtres humains des départements de police a augmenté, il n’y a pas assez de faits pour rendre possible d’établir que l’existence réelle du trafic d’êtres humains vers la Suède a augmenté. Mais il n’y a rien qui indique que le trafic d’êtres humains a diminué. Selon des évaluations du Département d’Investigation Criminel National…. entre 200 et 500 femmes ont été sujettes au trafic en Suède. »

Ce chiffre (200-500) est le même que celui du précédent rapport annuel. Dans le sixième rapport annuel ce chiffre a augmenté à 400-600 :

« Le Département d’Investigation Criminel National a fait l’évaluation qu’ente 400 et 600 femmes ont été victimes de trafic d’êtres humains en Suède en 2003. »(81)

Cependant, ceci ne représente pas nécessairement une augmentation, comme expliqué dans l’extrait précédent du sixième rapport.

Quand elle prend forme, l’image n’est pas claire. Beaucoup dépend de l’interprétation de l’écoulement croissant de l’information. Est ce une expression rapportée des registres perçus, mais non existant, de cas de trafic (comme suggéré dans le cinquième rapport) ou cela reflète t’il la réalisation d’une étendue réelle, mais jusqu’ici inconnue, du nombre de cas de trafic (comme suggéré dans le sixième rapport) ? Ou cela représente t’il une augmentation réelle du trafic dans son ensemble ? La réponse n’est pas claire comme exprimée ci-dessus.

 

Conclusion. Le sixième rapport du NCID exprime une incertitude sur une augmentation réelle ou non du nombre de victimes de trafic. Quand il prétend que le « nombre est resté parfaitement constant durant les dernières années » l’énoncé d’Ekberg représente mal les conclusions de ce rapport. Il n’est pas clair que l’augmentation de l’écoulement de l’information et des chiffres représente une augmentation réelle dans le niveau du trafic, ou qu’il représente une augmentation du savoir à propos d’une situation plus stable. La précaution devrait donc être appliquée. Il n’est pas nécessaire donc que le nombre de victimes de la traite soit resté parfaitement constant.

Déclaration 11

« Dans ses rapports (Kajsa Wahlberh, Rapporteure Nationale sur le Trafic des Femmes) publiés en 2003 et 2004, elle note qu’il y a des indications claires que la loi (contre l’achat de services sexuels) a eu des effets directs et positifs en limitant le trafic des femmes dans la prostitution en Suède. (82)

Le rapport se réfère ici aux rapports de la situation 5 et 6 du NCID. (83)

Tout d’abord, nous devons garder à l’esprit, que les rapports du NCID n’indiquent pas de réduction du niveau de trafic.

Whalberg prétend, que la criminalisation de l’achat de services sexuels a eu certains effets.

Concernant la situation après la criminalisation, Wahlberg signale que :

« Les femmes doivent être escortées jusqu’aux acheteurs mais elles n’ont ensuite pas le temps avec tous ces acheteurs comme elles l’auraient dans un bordel ou dans la prostitution de rue. »(84)

« Pour continuer leurs activités en intérieur il est nécessaire d’avoir plusieurs appartements ou d’autres locaux disponibles et que ces activités ne se poursuivent pas trop longuement dans le même endroit. »(85)

En conséquence, les criminels se plaignent à ce propos :

« … du fait que les activités en Suède doivent être plus organisées pour être profitables »(86)

Ainsi, agir sur le marché suédois pose de plus grands défis aux criminels. En effet, Wahlberg prétend que quelques business de trafic, qui pouvaient potentiellement avoir lieu en Suède se sont dispersés vers d’autres pays :

« Le Département d’Investigation Criminel National a pour opinion que la loi relatant à l’achat de services sexuels continue sa fonction de barrière contre les trafiquants d’êtres humains s’établissant eux-mêmes en Suède. Ils préfèrent se déplacer vers d’autres marchés plus attractifs et lucratifs comme la Norvège ou le Danemark. » (87)

Cette diversion des activités est expliquée facilement, Comme Ekberg le note elle-même :

« Les trafiquants et les proxénètes sont des businessmen qui calculent leur profit, les facteurs du marché, et les risques d’être pris quand ils décident dans quel pays ils vont vendre des femmes dans la prostitution. »(88)

 

Conclusion. La déclaration d’Ekberg que la criminalisation a eu des effets positifs en limitant le trafic des femmes pour la prostitution en Suède est compatible avec les conclusions des rapports de la NCID. Cependant concernant le NCID, les activités sont à certains degrés déviés vers d’autres pays parce que le marché suédois n’est plus profitable, contrairement aux opérations qui atteignent un plus haut niveau d’organisation. Dans la version d’Ekberg, le lecteur est laissé avec l’impression que la loi de criminalisation est une contribution au combat contre la traite dans son ensemble, ce qui ne peut pas être soutenu. Il aurait été aussi pertinent pour Ekberg de considérer si : « le fait que ces activités en Suède doivent être plus organisées pour être profitables » tend à freiner ou à alimenter le business de trafic.

Quelques remarques sur la rhétorique et le discours de l’article d’Ekberg

Les discussions de rhétorique et de discours ne sont pas l’objectif de cet article. Cependant, quelques remarques devraient être faites, afin de compléter le tableau.

La rhétorique elle-même contribue à une perception particulière des sujets discutés dans l’article d’Ekberg. Ceci est peut-être plus clairement perceptible dans une certaine rhétorique de groupes, dispersés au travers de l’article. Un de ces groupes est « femmes et enfants », impliquant que nous ne devrions pas distinguer entre la prostitution des femmes et celle des enfants. Une autre est « prostitution et trafic », impliquant que nous ne devrions pas distinguer entre ces deux sujets. « Femmes et enfants (ou filles) apparaît 67 fois, et « prostitution et trafic » 36 fois dans cet article de 32 pages.

Les femmes dans la prostitution sont décrites comme des victimes passives, la prostitution est imposée à elles par des hommes.

« … les femmes et les filles qui sont poussées et gardées dans la prostitution… »(89)

En conséquence, la loi de criminalisation légitimement

« … dissipe l’autoproclamé droit des hommes d’acheter des femmes et des enfants pour la prostitution et questionne l’idée que les hommes devraient être capable d’exprimer leur sexualité sous toute forme et à tout moment. »(90)

On nous dit que

« En conséquence, les femmes et les enfants prostituées qui sont vus comme des victimes de la violence masculine ne risquent pas de pénalités légales. A la place, ils ont le droit à l’aide pour échapper à la prostitution. » (91)

Quelques commentateurs en Suède demandent : Ont-ils également le droit de ne pas être aidé à quitter la prostitution ?

Lorsque discutée, la critique s’est élevée contre la législation suédoise, Ekberg évite alors les plus importantes critiques : la sécurité réduite pour les femmes dans la prostitution, l’augmentation de la violence, l’augmentation de la stigmatisation, la prostitution est devenue moins transparente, et il est devenu plus difficile pour les programmes de travail social d’agir.

Quelques critiques prétendent que le fait que le nombre de femmes qui offrent des services sexuels n’est pas un problème en soi, tandis que la violence, les viols, la dépendance aux drogues, la pauvreté, le manque d’autonomie, etc, sont certainement des problèmes plus sévères. Par conséquent, l’attention ne devrait pas être portée sur le nombre de femmes dans la prostitution, mais sur les conditions dans lesquelles elle se déroule.

Une humeur nationaliste peut aussi être identifiée dans cet article. La législation nationale en

Suède est présentée comme un exemple à suivre pour les autres pays. Le fait que le modèle suédois tend à exporter ces problèmes à d’autres pays n’est semble t’il pas considéré comme un problème. Le combat contre le trafic est profondément vu comme national, plutôt que dans une perspective internationale. Les politiques défendues par Ekberg ne traversent pas les frontières, même si le modèle national suédois est exporté vers les autres nations.

 

Conclusion

L’article d’Ekberg présente des faits (falsifiés ou non) et un programme à la fois normatif et idéologique. Etant donné la taille de l’article, la partie sur les faits stricts n’est pas substantielle.

Les sources utilisées. Certaines des sources utilisées par Ekberg sont de qualité inférieure.

Quand elle prétend qu’on estime que le nombre de femmes dans la prostitution a diminué de

2500 en 1999, avant que la loi entre en vigueur, à pas plus de 1500 femmes en Suède en

2002… » la seule preuve spécifique écrite par Ekberg peut être reliée à deux pauvres et faibles recherches et articles de journaux erronés (Parkrud et Lindberg). Quand elle prétend à propos des femmes dans la prostitution au Danemark, qu’on estime que 50% et plus de ces femmes sont victimes de trafic d’êtres humains » la seule preuve écrite que présente Ekberg est un autre article de journal faible et erroné (Ledberg). Aussi les ‘conversations personnelles’ sont utilisées comme matériel de source plutôt qu’extensivement (déclarations 8 et 9). Si ces conversations devaient servir comme preuve, nous devrions savoir qui a dit exactement quoi, et – plus important – ce que rapporte, le matériel ou l’analyse sur lesquels ces énoncés sont basés.

Aucune de ces informations n’est fournie par Ekberg. Aussi les informations danoises de TV2 sur

Internet sont utilisées comme matériel de source (déclaration 7). Fréquemment, aucune source du tout n’est indiquée. (Déclarations 1, 2 et 5).

Quand on arrive à des faits graves (comme opposés à des études sociologiques ou linguistiques) l’utilisation des sources de cette nature devrait généralement être découragée. Un article de journal peut être une source utile, mais il doit être fait un examen critique des sources, leur contenu et la qualité de l’article. Deux des trois articles de journaux mentionnés ci-dessus ne réussissent même pas à distinguer la prostitution de rue de la prostitution. Si des articles de journaux sont utilisés sans aucun sens critique, presque aucune déclaration ne peut se justifier, juste en sélectionnant la citation appropriée.

Excepté par l’utilisation de sources inférieures (ou d’aucune source), Ekberg dresse fréquemment des conclusions qui sont directement en contradiction ou autrement en conflit avec les preuves des sources utilisées.

Quel remaniement des marchés de la prostitution ? Ekberg prétend (déclaration 4) qu’ « il n’y a pas de preuve que la vente des femmes s’est déplacée des rues à Internet… ». (Ekberg se réfère à une série de rapports non publiés). Selon les rapports du Bureau National de la Santé et du Bien être, un remaniement a eu lieu, bien qu’il n’est pas clair si, ou à quel degré, ceci est un résultat de la criminalisation. Qu’importent les causes, un déclin de la prostitution de rue et une augmentation sur Internet (et d’autres types) de la prostitution ont eu lieu simultanément. Ceci est soutenu par d’autres preuves (Ostergren). Donc, Ekberg est dans l’erreur en prétendant qu’il n’y a pas de preuve que la prostitution s‘est déplacée des rues à Internet. Il n’est pas non plus correct de dire (déclaration 3) que le recrutement de nouvelles femmes dans la prostitution de rue est presque parvenu à un arrêt. (Il n’est pas clair quelle source a été utilisée dans ce cas).

L’affirmation d’Ekberg (déclaration 5) « Il n’y a pas d’augmentation notable du nombre d’hommes suédois qui voyagent vers d’autres pays comme touristes sexuels » représente mal l’existence des connaissances. (Aucune source n’est indiquée). Avant la criminalisation seulement 20 % du nombre total de contacts dans la prostitution avaient lieu en Suède. Ainsi, une des questions aurait pu avoir pour base l’augmentation du tourisme sexuel au moment de la criminalisation : les utilisateurs suédois de la prostitution voyageaient déjà à cette date vers l’étranger. Au lieu de ça, il y a en fait une augmentation du tourisme sexuel suédois. Quand on parle seulement de prostitution de rue, plutôt que de la prostitution dans son ensemble, il est correct de dire qu’il y a eu un déclin de la prostitution. Il est cependant, trompeur de décrire ce déclin comme s’il était le résultat d’une certaine morale ou effet normatif de la loi. En évacuant la discussion du « déclin » ou du « remaniement », Ekberg suggère que les développements dans la prostitution de rue reflètent une nouvelle prise de conscience morale, et une diminution globale de l’offre et de la demande.

La campagne d’affichage. Quand elle décrit une des affiches de la campagne d’affichage de 2002 (déclaration 6) Ekberg déforme délibérément la traduction, (« Le micheton rôde maintenant dans la mer Baltique »), probablement pour dissimuler la contradiction manifeste à ce qu’elle prétend ailleurs dans le même article. C’est une désinformation criarde.

La confusion entre « prostitution » et « prostitution de rue ». Ekberg prétend que (déclaration

7) « Au début des années 1990, il y avait approximativement 2000 femmes dans la prostitution de rue danoise, comparées avec les 5500 à 7800 en 2004… ». (La source indiquée est les actualités danoises de TV2 sur Internet).

L’énoncé d’Ekberg est manifestement faux et aussi inconsistant avec la source indiquée. Cet énoncé sert à donner au lecteur l’impression que la Suède à de manière accablante plus de succès que ses pays voisins.

La réduction du marché de la prostitution ? Ekberg prétend qu’ « il est estimé que le nombre de femmes dans la prostitution a diminué de 2500 en 1999, avant que la loi entre en vigueur, jusqu’à pas plus de 1500 femmes en suède en 2002… »(déclaration 8). (Sept sources sont indiquées : trois articles de journaux, une série de rapports non publiés, et trois conversations personnelles.) Malgré pas moins de sept sources référencées, Ekberg ne réussit pas à spécifier même une seule pièce de documentation ni d’une quelconque réduction du nombre total de femmes dans la prostitution. Au moins deux des articles de journaux sont de qualité inférieure, tandis que le troisième n’est pas pertinent.

Les effets sur le niveau du trafic d’êtres humains. Il n’est pas vrai que le sixième rapport du

NCID dit que le nombre de femmes trafiquées en Suède par an « est restée parfaitement constant durant les dernières années » (déclaration 10). En fait, le rapport exprime une incertitude sur la réelle augmentation ou non du nombre de victimes de trafic. Quand elle dit que « le nombre est resté parfaitement constant durant les dernières années » l’énoncé d’Ekberg représente mal les conclusions de ce rapport.

La déclaration d’Ekberg (déclaration 11), que la criminalisation a eu des effets positifs en limitant le trafic des femmes dans la prostitution vers la Suède est compatible avec les conclusions des rapports de la NCID. (Rapports de la NCID indiquées comme source). Cependant, selon la NCID, les activités ont été déviées vers d’autres pays parce que le marché suédois est mois rentable, ou au contraire que les opérations ont atteint un haut niveau d’organisation. Dans la version d’Ekberg, le lecteur est laissé avec l’impression que la loi de criminalisation est une contribution au combat contre le trafic dans son ensemble, ce qui ne peut être soutenu.

Ekberg prétend (déclaration 9) qu’il est estimé que 50% ou plus de toutes les femmes engagées dans la prostitution au Danemark sont des victimes du trafic (un article de journal et une conversation personnelle sont indiqués comme sources). Ekberg ne fournit aucune preuve qui puisse soutenir cette extrême idée. Elle confond ‘prostitution transnationale’ et ‘trafic’. Aussi, Ekberg présente ces données d’une manière à suggérer au lecteur, que les chiffres de Suède et du Danemark peuvent être comparés l’un à autre (La Suède émerge comme celle ayant réussi).

Promouvoir un coup monté. Ekberg apporte aussi un coup monté issu de journaux scandinaves à une audience internationale. C’est une mystification, débutant à Goteborg (Goteborgs-Posten), puis passant par helsinki (Hufvudstadsbladet), puis à l’article d’Ekberg, et ensuite par sa traduction en anglais à la communauté internationale via Internet Ces articles de journaux (et en conséquence l’article d’Ekberg lui-même) ne sont pas seulement de faible qualité, ils sont une source de désinformation.

En ce qui concerne les aspects factuels de l’article d’Ekberg, ses principes de base ont tous été évoqués au long de ce présent article. L’aspect normatif reste bien sûr. Au total, sur nombre de sujets clés, un matériel subordonné est utilisé comme preuve, et dans nombre de cas les conclusions des rapports et d’autres sources ont été falsifiés, parfois grossièrement. Nous devrions noter que l’utilisation de matériel subordonné et sa falsification est toujours en soutien des principes d’Ekberg. Ces principes sont mis en valeur par l’emploi d’une rhétorique extrême tout au long de l’article. La rhétorique s’y substitue à la documentation. De nombreux rapports ont été publiés sur les développements au sein de la prostitution en Suède. Le gouvernement d’Ekberg a longtemps été avide de prouver des développements positifs.

La présentation d’une information factuelle dans l’article d’Ekberg a été subordonnée aux fins de présenter une formule normative cohérente qui puisse être appliquée aux politiques sur la prostitution. Le rôle des faits, fallacieux ou non, est de fournir une position au service de cette formule idéologique. En tant que tel, l’article d’Ekberg devrait être entièrement vu comme un manifeste politique, vendant les principes derrière les politiques suédoises sur la prostitution dans le monde entier, plutôt qu’un essai de rapporter les effets de la prohibition de l’achat de services sexuels.

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Cliquer pour accéder à Gunilla_Ekberg.pdf

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no. 6 (RKP KUT 2004:2b), 2004. URL: http://www.gov.nf.ca/vpi/conf2005/day1/b/D1B505.pdf.

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http://thetyee.ca/News/2006/12/06/SexWorkers/ (retrieved January 10 th 2007).

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http://www.kvinnefronten.no/Tema_politikk/Vold_mot_kvinner/1714/Erfaringer_med_svensk_lo

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bestemmer antal prostituerede. Now located at http://nyhederne-dyn.tv2.dk/article.php/id

705351.html (retrieved October 21 st 2006). United Nations: Protocol to Prevent, Suppress and

Punish Trafficking in Persons, Especially Women and Children, 2000. Also known as the Palermo

protocol. URL: http://www.unodc.org/pdf/crime/final_instruments/383e.pdf.

Notes :

(1) Je souhaite remercier le collectif anglais des prostituées (ECP) et Sian Kilcommons pour

leur assistance et leurs commentaires des premières versions de cet article. Je souhaite

également remercier l’équipe de la bibliothèque de l’Etat et de l’Université, Aarhus du

Danemark, et l’équipe de la bibliothèque municipale de Malmo en Suède, pour leur aide

durant mes recherches.

(2) The Swedish Law That Prohibits the Purchase of Sexual Services in Violence Against

Women, vol. 10, no. 10, October 2004. Cet article ne doit pas être confondu avec The

Swedish Law That Prohibits the Purchase of A Sexual Service: Best Practices for

Prevention of Prostitution and Trafficking in Human Beings. The latter is an updated

version of the previous article, published in 2005.

(3) Les ervices d’information des bureaux du gouvernement suédois ont expliqué (9 Janvier

2007) que Gunilla Ekberg n’est à présent plus employée au Département pour l’Egalité de

Genre (ou d’autres institutions), ses fonctions ont cessées il y a moins de trois mois. Le 6

Décembre 2006 elle était « une ancienne conseillère auprès du gouvernement suédois »

(voir Catherine Rolfsen: How Do We Protect Sex Workers?).

(4) Au 7 Janvier 2007, l’article d’Ekberg (l’une ou l’autre des deux versions) a été téléchargé

sur au moins six pages d’accueil, indépendamment de cela de l’éditeur original : CATW’s

home page (URL: http://action.web.ca/home/catw/attach/Ekberg.pdf ), Melissa Farley’s

home page (URL: http://www.prostitutionresearch.com/pdf/EkbergVAW.pdf ), home

page of the Government of New Foundland and Labrador (URL:

http://www.gov.nf.ca/vpi/conf2005/day1/b/D1B501.pdf ), the home page of Women’s

UN Report Network (URL:

http://www.wunrn.com/news/02_05_06/020906_seden_prostitution.pdf ).

Kvinnefronten’s (Norwegian feminist organization) home page (URL:

Cliquer pour accéder à Gunilla_Ekberg.pdf

) and Balder Mørk Andersen’s (Danish political personality) home page (URL:

http://www.baldersf.dk/wpcontent/uploads/GunillaEkbergomdensvenskelov.pdf ).

(5) Ekberg 2004, p. 1188-89.

(6) Ibid. p. 1189.

(7) Ibid. p. 1189.

(8) Ibid. p. 1189.

(9) Ibid. p. 1189.

(10) Ibid. p. 1190.

(11) Ibid. p. 1189.

(12) Ibid. p. 1191.

(13) Ibid. p. 1209.

(14) Ibid. p. 1193.

(15) Ibid. p. 1194.

(16) NBHW 2004, p. 23-26.

(17) Ekberg 2004, p. 1193.

(18) NBHW 2004, p. 25.

(19) Ekberg 2004, p. 1194.

(20) De la traduction présente de l’auteur Voici l’original: “Det finns ocksa uppgifter fran bade

myndigheter och omraden som gor gallande att andra typer av prostitution har okat,

exempelvis prostitutionen via Internet, i lagenheter och pa restauranger/hotell.”. Source:

NBHW 2000, p. 31.

(21) De la traduction présente de l’auteur voici l’original: “Merparten menar att manga har

sokt sig till andra arenor och kontaktsatt, sasom Internet och mobiltelefoner. En del

prostituerade har skaffat sig en fast kundkrets och behover saledes aldrig rora sig i

gatumiljon.”. Source: NBHW 2000, p. 32.

(22) 22 NBHW 2000, p. 31 and 33.

(23) 23 NBHW 2004, p. 27.

(24) 24 O?stergren 2003.

(25) 25 Ibid. p. 38. Ci-dessus la traduction présente de l’auteur. Voici l’original: “Efter

sexkopslagen ansag informanterna att det var svarare att fa direktkontakt med kunder

utomhus. Saljarna maste darfor forlita sig mer pa andra kontaktkanaler som Internet

och hallickar, vilket en del upplevde negativt.”.

(26) Ekberg 2004, p. 1197.

(27) NIPH 2000.

(28) Ibid. s. 243.

(29) Ibid. s. 244.

(30) NCID rapport de la situation no. 5, p. 22.

(31) Polistidningen no. 3, 2003.

(32) Ekberg 2004, p. 1202-1203.

(33) Ministère de l’Industrie de l’Emploi et des Communications, 2002.

(34) Ekberg 2004, p. 1193-94.

(35) TV2 May 6, 04.

(36) De la traduction présente de l’auteur. Voici l’original: “I Sverige med restriktive love er

der 2.500 prostituerede mod mellem 5.500 og 7.800 i Danmark.”.

(37) Le chiffre de 2,500 est issu d’un rapport de 1995 (Socialdepartementet: Konshandeln

(SOU 1995:15), Stockholm, 1995). Cette estimation était considérée comme étant trop

élevée (see Hedin/Mansson, p. 315-316, note 9).

(38) La loi est en entrée en vigueur le 1er Janvier 1999.

(39) Ekberg 2004, p. 1193.

(40) Goteborgs-Posten, Jan 7, 04.

(41) La dernière épellation est correcte (juste au cas où quiconque s’inquiéterait de

rechercher l’article original)

(42) Goteborgs-Posten, Jan 7, 04: “Le nombre de femmes offrant des services sexuels dans

les rues en Suède a maintenant diminué d’environ un quart. ». Ce qui précède est la

traduction de l’auteur. Voici l’original: “Cirka en fjardedel fa?rre kvinnor saljer i dag sex

pa gatorna i Sverige.”.

(43) De la traduction présente de l’auteur. Voici l’original: “Cirka 2500 kvinnor salde sexuella

tjanster pa gatan innan forbudet mot kop av sexuella tjanster tradde i kraft 1 januari

1999. I dag, fem ar senare, har antalet prostituerade sjunkit med mellan 500 och 1000

kvinnor.”.

(44) Hufvudstadsbladet, Jan 8, 04.

(45) De la traduction présente de l’auteur. Voici l’original: “Goteborgs-Posten har utrett hur

lagen bitit i Sverige. Dar tradde den i kraft den 1 januari 1999. Da raknade man med att

det fanns 2500 prostituerade i hela landet. Nu, fem ar senare, har de minskat med 500

– 1000. Uppgifterna kommer fran polisen och socialmyndigheterna.”.

(46) Goteborgs-Posten, Jan 7, 04: “Il est clair que la prostitution de rue a diminué depuis que

la loi est entrée en vigueur, bien que les chiffres ne sont pas précis, ils sont basés sur les

informations de la police et des autorités sociales, indique Sven-Axel Månsson, professeur

de travail social à l’université de Gothenburg. ». Ce qui précède est la traduction de

l’auteur actuel. Voici l’original : “Det ar tydligt att gatuprostitutionen har minskat sedan

lagen tradde i kraft aven om siffrorna inte ar exakta, de bygger pa uppgifter fran polis

och socialtjanst, sager Sven-Axel Mansson, professor i socialt arbete vid Goteborgs

universitet.”.

(47) Dagens Nyheter, June 29, 01.

(48) La dernière épellation est correcte (juste au cas où quiconque s’inquiéterait de

rechercher l’article original).

(49) Malmskillnadsgatan est le site de la prostitution de rue à Stockholm.

(50) Polistidningen no. 2, 2003. Ci-dessus la traduction présente de l’auteur. Voici l’original:

“Kriminaliseringen av sexkoparna har bidragit till en minskning av gatuprostitutionen i

Sverige. Antalet prostituerade kvinnor pa Malmskillnadsgatan har mer an halverats.

Daremot vet vi inte om den fatt nagon effekt pa den totala prostitutionen, sager

kriminalinspektor Anders Gripenlof vid prostitutionsgruppen i Citypolisens spaningsrotel.”.

(51) NCID rapport de la situation no. 1, p. 3. Europol définit l’acte de trafic en tant que « le

recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil des personnes, en

recourant à la force, à la menace ou d’autres formes de contraintes, ou par enlèvement,

fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité. Ces formes de

l’exploitation incluent également la production, la vente ou la distribution du matériel de

pornographie d’enfant. » (Source : Europol, P. 13).

(52) United Nations, 2000.

(53) La surveillance dans ce domaine a été demandée par le gouvernement suédois dans une

décision de 1997 (voir Proposition 1997/98 de Regeringens : 55, annexe 12, section 3.2).

(54) Voir lag (2004:406) Brottsbalken 4 kap 1 a §.

(55) La commande arrogante (‘att ta kontroll’) est un extension suédoise de la catégorie des `

actes criminels’ (recrutement, transport, le transfert, hébergement ou réception des

personnes) de l’article 3 du protocole de Palerme. L’état de la commande est réalisé

quand le trafiquant est responsable de la victime par des actes criminels . Ces actes

peuvent être l’emprisonnement ou la menace permanente, mais ils peuvent également

être « à caractère plutôt subtile » (voir la proposition 2003/04 de Regeringens : 111, P.

49-and 64-68).

(56) NCID situation report no. 7, p. 11 in the English version, p. 12 in the Swedish version.

(57) NCID situation report no. 7, p. 34-35 in the English version, p. 33 in the Swedish version.

(58) NCID situation reports no. 7 and 8.

(59) Selon la définition du protocole de Palerme des Nations Unies, le trafic et la prostitution

transnationale organisée n’est pas la même chose.

(60) NCID rapport de la situation no. 1, p. 27. Ci-dessus la traduction présente de l’auteur.

Voici l’original: “Ett problem i ma?tningen av problemet med handel med kvinnor a?r att

mo?rkertalet a?r mycket sva?rt att bera?kna. Det ligger i sakens natur att alla

involverade parter, organisato?rerna, kvinnorna samt kunderna, inte a?r interesserade av

insyn i verksamheten.”.

(61) NCID rapport de la situation no. 6.

(62) Ibid. section 7.1.

(63) Ibid. section 2.

(64) Ministère de la Justice et de la police, note 299.

(65) I.e. le trafic au sens du protocole de Palerme.

(66) Ekberg 2004, p. 1199.

(67) Ibid. p. 1199.

(68) La source de l’auteur est une conversation personnelle avec Dorit Otzen, directeur pour

Reden (une ONG au Danemark). Ms. Otzen est connu comme étant partial sur ce sujet

(69) Goteborgs-Posten, Sep 30, 2003.

(70) De la traduction présente de l’auteur. Voici l’original: “Det finns uppskattningsvis mellan

5500 och 7800 prostituerade i Danmark. For tva ar sedan var 30 procent av dem

utlandska medborgare, i ar ar siffran over 50 procent.”.

(71) Une proportion notable des femmes danoises dans la prostitution au Danemark sont en

fait bien qu’étant d’origine étrangère, d’un point de vue légal, des citoyennes danoises ou

des résidantes juridiques autrement permanentes du Danemark.

(72) “On a affirmé il y a quelques années de cela qu’il y avait 600 femmes d’Asie parmi les

prostituées de rue de Copenhague […] ». ce qui précède est la traduction de l’auteur.

Voici l’original : “For nagra ar sedan uppgavs att 600 kvinnor bara fran Asien fanns bland

Kopenhamns gatuprostituerade […]”. This figure refers to women in prostitution, not

street prostitution in particular

(73) “Il est difficile de dire exactement combien de prostituées vivent au Danemark, mais le

nombre est estimé de 5450 to 7800 – dont la moitié environ de ces femmes ont été

trafiquées. En Suède le nombre est estimé à environ 400 – 600 femmes trafiquées –

ceci en dépit du fait que la Suède a une population d’environ 9 million.” Ce qui précède

est une traduction de l’auteur d’un extrait d’Annelise Ebbe : Skal vi have svenske

tilstande? in Rød-Grønne Linjer no. 3, Copenhagen, 2006. En voici l’original: “Det er

svært at sige præcis, hvor mange prostituerede vi har i Danmark, men tallet skønnes at

være mellem 5450 og 7800 – heraf er cirka halvdelen, kvinder der er blevet handlet over

grænsen. I Sverige skønnes antallet at være omkring 400 – 600 handlede kvinder –

dette til trods for, at befolkningstallet i Sverige er ca. 9 mio.”.

(74) “Suède: 400 – 600 femmes arrivent chaque année en Suède comme victimes de trafic en

vue d’exploitation sexuelle. Danemark: 2,750 – 3,900 femmes sont supposées victimes

de trafic”. Ce qui précède est une traduction de l’auteur d’un extrait d’: Agnete Strøm:

“Erfaringer med den svenske loven om kjøp av seksuelle tjenester”, Bergen, 2006. This is

the original: “Sverige: 400 – 600 kvinner kommer hvert a?r til Sverige som offer for

menneskehandel for seksuelle utnytting Danmark: 2.750 – 3.900 kvinner antas a? være

offer for menneskehandel”. Strøm’s paper is heavily dependent on Ekberg’s article.

(75) Ekberg 2004, p. 1199.

(76) NCID rapport de la situation no. 6, section 7.1.

(77) Le cinquième rapport annuel: “Il y a une augmentation continuelle de l’écoulement de

l’information et le nombre de cas reçus au Département d’Investigation Criminel

National” (NCID situation report no. 5, p. 29). Le sisxième rapport annuel: “L’information

auprès des autorités de police au sujet du trafic supposé d’êtres humains en vue d’achats

sexuels a augmenté en 2003.” (NCID situation report no. 6, section 2).

(78) NCID rapport de la situation no. 5, p. 29.

(79) Ibid. p. 4.

(80) NCID rapport de la situation no. 6, section 2.

(81) Ibid. section 2.

(82) Ekberg 2004, p. 1199.

(83) NCID rapport de la situation no. 5 and NCID situation report no. 6.

(84) NCID rapport de la situation no. 5, p. 34. Likewise, Ekberg note que “La présence de

femmes étrangères dans la prostitution de rue est parvenu presque à un arrêt […]”

(Ekberg 2004, p. 1194).

(85) NCID rapport de la situation no. 5, p. 34.

(86) Ibid. p. 34.

(87) NCID situation report no. 6, section 8.3.

(88) Ekberg 2004, p. 1200.

(89) Ibid. p. 1191.

(90) Ibid. p. 1205.

(91) Ibid. p. 1189.

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La réponse venant d’Australie à “10 Raisons pour ne pas légaliser la prostitution”

Source: http://www.scarletalliance.org.au/issues/swedish_model/10reasons_07

Ce document est de Scarlet Alliance, au nom de nos membres et avec la contribution des travailleurs du sexe en Australie, et s’adresse en reponse au document de Janice Raymond “10 bonnes raisons pour ne pas légaliser la prostitution”.

Comme l’industrie du sexe en Australie, est réglementée par État et droit Territorial, chaque État dispose d’un modèle différent de réglementation, l’Australie peut être considérée comme une étude de cas sur l’impact des différents modèles des lois sur l’industrie du sexe. Scarlet Alliance, en tant qu’organisation d’envergure nationale des travailleurs du sexe en Australie, avec pour effectif des travailleurs individuels et des organisations de travailleurs du sexe, des réseaux, des projets et des groupes est bien placée pour parler de l’impact de ces modèles sur la vie personnelle et professionnelle de nos membres : les travailleurs du sexe en Australie.

La légalisation et la dépénalisation sont deux cadres réglementaires différents avec des résultats et des impacts différents sur les travailleurs du sexe.

Dans les États australiens que Raymond appelle réglementaristes, l’industrie est en effet régie par un cadre d’homologation. Le modèle de licence inclut le développement d’un organisme gouvernemental visant à réglementer les licences des entreprises de l’industrie du sexe, les opérateurs, les gestionnaires, et dans certains cas, les travailleurs du sexe. Il s’agit d’un modèle complexe qui se traduit par un faible pourcentage de l’industrie travaillant dans la légalité, avec dans certains cas, des conditions extrêmes et illogiques de régulation dans le fonctionnement quotidien. Dans deux Etats, la réglementation est définie par l’organisme de réglementation gouvernemental du système de licences qui a introduit les conditions les plus problématiques.

Tout impact négatif de ce modèle de réglementation ne signifie pas la preuve que la légalisation n’est pas efficace car il ya eu des résultats positifs pour les travailleurs du sexe opérant dans ce secteur juridique. Les résultats négatifs des cadres de licence portent sur les règlements et les conditions qui sont illogiques et non fondés sur des preuves. De nombreuses personnes n’ont d’autre choix que d’opérer en dehors du secteur juridique sous licence et par conséquent, lorsque les règlements sur-réglementent l’industrie. Il faut noter que les féministes anti- travail du sexe ont fait pression pour une réglementation lourde de l’industrie du sexe et ont joué un rôle dans le fait que la création de structures juridiques existantes soient irréalisables.

1. La légalisation / dépénalisation de la prostitution est un cadeau fait aux proxénètes, les trafiquants et l’industrie du sexe (Raymond, 2003).

Réponse Australienne: L’Australie ne dispose pas d’une culture notable de «souteneurs» impliqués dans l’industrie du sexe (AFAO, 2000).

L’industrie du sexe lorsque réglementée par la police est sensible à la corruption de la police. Le fait que la police exige de l’argent et / ou des services sexuels en échange de ne pas fermer les entreprises et d’arreter des travailleurs du sexe est bien documenté lorsque l’industrie du sexe est criminalisée.

L’une des principales raisons pour laquelle la Nouvelle Galles du Sud a dépénalisé l’industrie du sexe a été pour supprimer le role de la police comme régulatrice de l’industrie du sexe et pour diminuer la corruption policière. Beaucoup de travailleurs du sexe avant la dépénalisation voyaient la police comme l’équivalent australien de proxénètes.

La dépénalisation a été efficace pour réduire la corruption de la police de Nouvelle Galles du Sud.

Expérience de l’Australie – La dépénalisation de l’industrie du sexe a réduit la corruption de la police. Au sein d’une industrie du sexe dépénalisée, les entreprises de l’industrie du sexe sont réglementées comme les autres entreprises par exemple. Des inspections sont effectuées par l’administration locale et les autorités de sûreté de santé et du travail. Les entreprises sont autorisées et le zonage est réglementé par les conseils. Les travailleurs du sexe ne sont pas des criminels et leurs lieux de travail ne sont pas illégaux. En tant que tel, les travailleurs sexuels défendent et s’attendent à avoir, les mêmes droits que les autres travailleurs. La probabilité des actes criminels signalés à la police a augmenté.

Un mouvement solide et vocal pour les droits des travailleurs du sexe a donné une voix à la communauté des travailleurs du sexe en Australie pendant plus de vingt ans, en informant la politique du gouvernement, s’adressant aux mythes et stéréotypes dans les médias et en informant les autres travailleurs du sexe de leurs droits humains et civiques. La formation de collectifs et de groupes de pression et la syndicalisation des travailleurs du sexe a vu un groupe, autrefois d’individus isolés et séparés devenir une communauté et qui se sont retrouvés dans des réseaux locaux, nationaux et internationaux pour défendre leurs droits en tant que travailleurs et en tant que citoyens, indépendamment de l’environnement juridique dans lequel ils travaillent.

D’autres facteurs qui ont contribué à l’émancipation des travailleurs du sexe australien comprennent:

Des cadres juridiques qui éliminent les sanctions pénales contre les travailleurs du sexe et nos clients. Cela a permis aux travailleurs du sexe de discuter ouvertement et de négocier des rapports sexuels avec d’autres adultes consentants (nos clients) qui à son tour a réduit la possibilité de conflit et a accru notre capacité à introduire de manière efficace des pratiques sexuelles sécuritaires dans nos rencontres sexuelles avec les clients, ce qui réduit notre risque de transmission au VIH et IST.

Des organisations de travailleurs du sexe financées qui nous permettent de nous rassembler pour faire entendre notre voix sur les politiques, informer le gouvernement, se faire représenter devant les instances gouvernementales, participer librement, et déterminer les questions clés qui touchent les travailleurs du sexe, avec une participation de haut niveau des travailleurs du sexe, notamment dans la consultation des travailleurs du sexe qui sont dans l’incapacité de participer directement. Il convient de noter que les questions touchant les travailleurs du sexe en Australie, tel que définies par les travailleurs du sexe ne sont pas reflétées dans le document de Raymond. En fait, les travailleurs du sexe en Australie ont ouvertement remis en question l’agenda politique de Raymond et ses associés, et de la perpétuation d’une conception fausse et trompeuse des résultats de la réglementation de l’industrie du sexe en Australie.

La législation anti-discrimination dans trois Etats de l’Australie a créé un cadre juridique qui soutient les travailleurs du sexe pour lutter contre la discrimination en vertu de la loi anti-discrimination. L’intégration à la législation anti-discrimination a commencé à s’attaquer à la discrimination systémique en envoyant un message clair aux organismes gouvernementaux, aux fournisseurs de services, la police et la communauté générale.

Tandis que les membres de la CATW ont laissé entendre qu’ils sont favorables à la dépénalisation des travailleurs du sexe, le groupe n’a pas mené d’action publique en Australie, pour soutenir les appels lancés par les travailleurs du sexe en Australie pour la dépénalisation du travail sexuel. Cela a inclus une demande par les travailleurs du sexe a un membre de la CATW de signer une pétition en faveur de la dépénalisation des travailleurs du sexe en Australie occidentale, renversant les lois qui criminalisent les femmes lourdement. La demande a été refusée.

Scarlet Alliance estime que le soutien “pour la dépénalisation des femmes dans la prostitution” est une ligne publique tenue par la CATW pour gagner le soutien des femmes en général. Cependant, la CATW n’a pris aucune mesure active ou de soutien à la dépénalisation, bien que le CATW a exercé de fortes pressions pour des changements de loi sur l’industrie du sexe en Australie.

Les stéréotypes concernant des travailleurs du sexe qui seraient mineurs, les proxénètes et l’usage de drogues ont été utilisés pour justifier la criminalisation ou la réglementation de l’industrie. Souvent, ces problèmes sont examinés aux depens de la santé et de la sécurité. (AFAO, 2000)

2. La légalisation / dépénalisation de la prostitution et de l’industrie du sexe encourage la traite sexuelle (Raymond, 2003).

Réponse australienne: Il n’existe aucune preuve que le trafic du sexe ait augmenté dans des pays dotés d’une industrie du sexe soit légalisée ou dépénalisée. En fait, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont une faible incidence de trafic sexuel.

Que l’Australie a plusieurs différents cadres réglementaires de l’industrie du sexe, y compris la criminalisation des entreprises de l’industrie du sexe dans trois grands États, tout le trafic sexuel qui se produit ne peut être attribué à une légalisation ou la dépénalisation.

En fait, le rapport australien de Beijing +10 et de la CEDAW reconnaissent que la lutte contre la traite par des réponses inappropriées ont accru la vulnérabilité des travailleurs du sexe.

3. La légalisation / dépénalisation de la prostitution ne contrôle pas l’industrie du sexe. Elles l’élargissent (Raymond, 2003).

Réponse australienne: La taille de l’industrie du sexe australienne n’a pas augmenté dans les États et territoires qui ont légalisé ou dépénalisé l’industrie du sexe.

Une clarification doit être faite que la dépénalisation et la légalisation de l’industrie du sexe en tant que modèles de réglementation ne cherche pas à contrôler l’industrie, mais plutôt à réglementer l’industrie du sexe. Comme d’autres entreprises et lieux de travail, les entreprises de l’industrie du sexe doivent être réglementées. L’industrie du sexe n’a pas besoin ou ne requiert une réglementation supplémentaire. Lorsque l’industrie du sexe est signalée comme ayant besoin d’une réglementation supplémentaire sur les autres entreprises, c’est généralement parce que les régulateurs cherchent à influer vers l’interdiction plutôt que la légalisation. En effet, une réglementation supplémentaire souvent décrète tout simplement la discrimination systémique contre les travailleurs du sexe, et leurs lieux de travail.

Les travailleurs du sexe bénéficient d’un choix varié de lieux de travail. Les travailleurs du sexe ne sont pas un groupe homogène et comme toutes les autres professions, les travailleurs sexuels exercant seuls ont des besoins variés et d’arrangements de travail appropriés. L’Australie possède une culture de petites entreprises familiales qui fonctionnent avec peu ou pas d’impact sur le reste de la communauté et fournissent des lieux de travail de moindre taille contrôlés par les travailleurs du sexe. Les grandes entreprises de l’industrie du sexe ont souvent une plus grande rotation des clients (sont plus occupées) et peuvent convenir à des travailleurs du sexe qui préférent ne pas être responsable de la gestion de leur propre business (publicité, demandes de renseignements téléphoniques, les frais généraux, etc.)

4. La légalisation / dépénalisation de la prostitution augmente la prostitution clandestine, souterraine, illégale et de rue (Raymond, 2003).

Réponse australienne: La Nouvelle-Zélande a dépénalisé l’industrie du sexe en 2003. La Nouvelle-Zélande est le seul pays à dépénaliser l’ensemble du secteur, et crée un bon exemple pour une étude de cas des résultats de la dépénalisation. Une étude néo-zélandaise a, dans ses premiers stades trouvé “qu’il n’y a pas eu d’augmentation du nombre de travailleurs de sexe de rue depuis la dépénalisation de l’industrie du sexe.”

Il est également inexact de dire que la légalisation augmente le travail clandestin, illégal et la prostitution de rue dans le contexte australien. Le cadre de légalisation auquel Raymond se réfère est un cadre d’homologation. Un cadre de licences, par son intention, qui divise l’industrie dans des opérations illégales et légales. De cette façon, c’est le cadre de licence lui-même qui rend les opérations de l’industrie du sexe (y compris les travailleurs du sexe et de nombreuses personnes travaillant à titre privé) illégales.

Ce n’est pas un résultat de la légalisation, mais est le résultat d’un modèle de licence sur-restrictives.

Raymond affirme qu’”En Nouvelle-Galles du Sud, les maisons closes ont été dépénalisées en 1995. En 1999, le nombre de maisons closes à Sydney a augmenté de façon exponentielle jusqu’à 400-500. La grande majorité n’ont pas de licence d’exploitation. Pour mettre fin à la corruption endémique de la police, le contrôle de la prostitution illégale a été enlevé des mains de la police et placé dans les mains des conseils locaux et les autorités réglementaires de planification. Le conseil n’a ni les moyens ni le personnel suffisants pour enquêter dans les bordels afin de débusquer et poursuivre les opérateurs illégaux “.

La Nouvelle Galles du Sud ne dispose pas d’un système de maisons closes de licence ou d’individus. Elle a adopté une approche pragmatique qui a cherché à minimiser le futur potentiel de davantage de corruption par des agents gouvernementaux et d’une réglementation irréalisable. En 1995, les réformes législatives importantes ont été introduites à travers la Loi sur les Maisons de désordre. Ces réformes ont été le résultat direct de la Commission Wood Royal dans le travail du Service de police de Nouvelle Galles du Sud qui a identifié une corruption policière généralisée en ce qui concerne entre autres domaines, l’industrie du sexe. L’amendement à la Loi sur les maisons de désordre a aboli le délit de droit commun sur la tenue d’une maison close. Les conseils avaient le pouvoir de prendre des mesures auprès de la Cour Terre & Environnement afin de fermer une maison close en réponse à des plaintes de personnes résidant à proximité ou aux occupants d’autres lieux. Plus tard, la responsabilité réglementaire a été donnée au gouvernement local en vertu de la loi d’évaluation et d’aménagement du territoire de 1979.

La définition d’un bordel inclut le local d’une personne travaillant seule ce qui a conduit à des allégations sans fondement que le nombre de “maisons closes” en Galles du Sud a augmenté.

Les conseils ont des pouvoirs suffisants pour réglementer les entreprises de l’industrie du sexe – ils ont les mêmes pouvoirs que ceux qu’ils ont de réglementer toutes les industries en usage sur leur territoire.

5. La légalisation de la prostitution et la dépénalisation de l’industrie du sexe, augmente la prostitution des enfants (Raymond, 2003).

Raymond a dénaturé les conclusions de l’enquête nationale 1998 ECPAT «Jeunesse a vendre».

Raymond affirme: «La prostitution des enfants a considérablement augmenté dans l’etat de Victoria par rapport aux autres Etats australiens dans lesquels la prostitution n’a pas été légalisée. De tous les pays et territoires d’Australie, le plus haut nombre de cas signalés de prostitution des enfants venaient de Victoria. Dans une étude de 1998 menée par ECPAT (End Child Prostitution et traite des personnes) qui a effectué la recherche au Centre national australien sur la prostitution enfantine, qui s’est sensiblement accrue de l’exploitation organisée du commerce des enfants ».

ECPAT a signalé que pour leur “enquête nationale” ils ” ont sondé 451 agences dont 258 étaient au courant de faits de jeunes s’engageant dans la norme CSA [commerce d’activité sexuelle].” Sur les 258 organismes, ils ont déclaré que 3100 jeunes ont été confirmés ou soupçonnés d’être participants à une “activité sexuelle commerciale».

Cette enquête n’a pas, pour des raisons d’éthique et de ressources, pu parler ou interroger directement tous les jeunes.

Il est clair que cette méthode ne peut être invoquée pour fournir des chiffres fiables. Ce rapport ne fait non plus aucun lien entre le nombre de jeunes prestataires de services sexuels et la légalisation de l’industrie du sexe. En opposition aux allegations de Raymond, le rapport énumère une série de facteurs, dont le fait d’etre sans-abri, sans accès à un revenu, etc; des raisons que les prestataires de services interrogés ont cru, expliquent davantage la participation des jeunes dans «l’activité sexuelle commerciale».

Le rapport identifie les limites de l’enquête sur le manque de contact avec tous les jeunes, le recours à des prestataires de services qui ne tiennent pas de statistiques, des incohérences avec le questionnaire et que les données ont «un fondement statistique instable».

7. La légalisation / dépénalisation de la prostitution accroît la demande de prostitution. Cela motive les hommes à acheter des femmes pour le sexe dans une gamme beaucoup plus large et plus admissible de paramètres socialement acceptable (Raymond, 2003).

Réponse australienne: Les résultats d’une étude représentative d’un grand nombre d’adultes en Australie, publiée en 2003 a révélé que 15,6% des hommes australien a deja payé pour du sexe, et que 1,9% l’avaient fait dans l’année précédente. Une précédente étude de 1986, date à laquelle l’industrie du sexe etait illégale dans tous les États, a trouvé que 19,2% avaient deja payé pour du sexe, avec 2,5% l’ayant fait dans l’année précédente. Cela se compare à des études dans des populations d’hommes européens, ou le cas de 6,6% à 39% des hommes avaient déjà payé pour du sexe, avec une moyenne européenne étant de l’ordre de 15%. Ces mêmes études ont constaté que de 1% à 11% des hommes avaient payé pour du sexe dans l’année précédente, une moyenne de 2-3%. De toute évidence, la légalisation ou la dépénalisation de la prostitution en Australie n’a pas créé une demande accrue.

La légalisation ne donne pas lieu à une publicité incontrôlée comme ce qui peut être compris de la prétention de Raymond selon laquelle “Les publicités en ligne sont des autoroutes vers la Victoria”. En fait, la publicité est très réglementée dans le cadre de licences à Victoria et seraient encore régis aussi par la dépénalisation. Les publicités pour les entreprises de l’industrie du sexe à Victoria sont peu nombreuses et leur représentation des femmes est beaucoup plus discrète que la publicité pour les voitures, chocolats, glaces, produits pour les cheveux, etc. Dans nos réseaux et communications avec les travailleurs du sexe de Suède, nous avons construit une prise de conscience croissante de l’impact négatif que la pénalisation des clients a eu sur les travailleurs du sexe. Plus particulièrement, le modèle a fait naître la peur des clients de visiter les travailleurs du sexe ayant des répercussions négatives pour les travailleurs du sexe. Comme les clients n’iraient pas dans un établissement en intérieur ou visiter une maison qui peut facilement être sous surveillance, les travailleurs du sexe doivent désormais s’organiser pour rencontrer des clients dans un lieu public ou une rue tranquille ou cachés dans des endroits déterminés par les clients. Pour les travailleurs du sexe en Australie, cela signifie que le contrôle habituel que les travailleurs du sexe ont à déterminer où et quand cette interaction a lieu serait supprimé et les clients plus exigeants de contrôler le lieu du service afin de se protéger contre les poursuites. De toute évidence ce résultat n’est pas un résultat positif pour les travailleurs du sexe. Ainsi, plutôt que de prouver qu’en «interdisant l’achat de services sexuels, la prostitution et ses effets nocifs peuvent être contrecarrés, ce que Raymond fait valoir, le modèle suédois a abouti à un changement culturel dans la facon, et où, le travail du sexe a lieu en Suède, et ces changements comprennent de nouveaux et dangereux résultats pour les travailleurs du sexe.

Les travailleurs du sexe se sont prononcés fermement contre le modèle suédois de législation de l’industrie du sexe depuis un certain nombre d’années maintenant. Le fait que Janice Raymond préconise la même chose est en opposition directe avec ce que les travailleurs du sexe en Suède affirment avoir besoin pour protéger leur sécurité.

Petra Ostregren dans son document «travailleurs du sexe Critique de la politique de prostitution suédoise” affirme que les travailleurs du sexe en Suède “ont fortement déconseillé d’autres pays d’adopter une législation similaire. La loi contre la violence contre les femmes en Suède, 1997/98: 55, plutôt que d’avoir amélioré les conditions pour les travailleurs du sexe tel que décrit par Raymond, les travailleuses du sexe locales expliquent que ces lois contre l’achat de services sexuels ont augmenté les risques et la violence contre les travailleurs du sexe et que la loi contre le proxénétisme leur rend impossible le fait de travailler en toute sécurité ».

8. La légalisation / dépénalisation de la prostitution ne favorise pas la santé des femmes (Raymond, 2003).

De nombreuses études montrent que les travailleurs du sexe en Australie jouissent d’une santé sexuelle meilleure que la communauté en général et ont un faible taux de VIH / sida. Bien que cela seul ne prouve pas que la légalisation ou la dépénalisation de l’industrie du sexe encourage la santé des femmes, ou bien la santé sexuelle, il réfute toute allégation selon laquelle les travailleurs du sexe ne maîtrisent pas et ne seraient pas “en contrôle” suffisant pour négocier l’utilisation du préservatif. Les travailleurs du sexe en Australie font état de taux très élevé d’utilisation du préservatif.

Rien ne favorise la santé des femmes plus que d’avoir accès à la justice sociale et l’égalité. Comment les femmes peuvent elles sentir qu’elles ont des droits égaux pour quoique ce soit quand elles et leurs lieux de travail sont incriminés, sans aucun recours légal à la justice ?

9. La légalisation / dépénalisation de la prostitution n’augmente pas les choix des femmes (Raymond, 2003).

Beaucoup de travailleurs du sexe en Australie, ont décrit leur décision de travailler en tant que travailleur du sexe comme une décision prise après avoir examiné un éventail d’options. Pour beaucoup, le travail du sexe offre une plus grande flexibilité des horaires et la capacité d’obtenir de grandes quantités d’argent dans un temps plus réduit – ce qui permet aux parents célibataires et étudiants, par exemple, de consacrer plus de temps pour leurs enfants ou études sans pour autant sacrifier leurs revenus. Toutefois, comme les travailleurs du sexe ne sont pas un groupe homogène, nos motivations pour entrer dans l’industrie sont très divers et non uniques et individuelles.

Raymond dénature l’interaction entre les travailleurs du sexe et leurs clients par sa déclaration “Sa conformité est exigée par le fait même d’avoir à s’adapter à des conditions d’inégalité instaurées par le client qui paie pour qu’elle fasse ce qu’il veut d’elle.”

Dans une interaction entre une prostituée et un client le contenu du service est, dans la plupart des cas, négocié avant que le service commence et à d’autres occasions lorsque le service se passe. Dans un forum de discussion national des travailleurs du sexe en Australie, les travailleurs du sexe ont décrit la négociation initiale comme un temps pour fixer des limites avec un client, de déterminer le prix, d’introduire des discussions sur le sexe sans risque et de faire le choix d’accepter une réservation ou non.

L’affirmation de Raymond selon laquelle les travailleurs sexuels fourniraient des services sexuels non protégés, ou d’autres services, qu’ils ne veulent pas fournir, simplement parce qu’ils sont offerts un paiement supplémentaire, est une perpétuation du mythe selon lequel les travailleurs du sexe sont cupides ou des femmes “avides d’argent” sans normes professionnelles .

Les travailleurs du sexe déterminent régulièrement de ne pas faire certaines activités ou refusent des services dangereux, car, comme la plupart des gens, leur incitation à rester en santé est solide. Ceci est démontré par les taux élevés d’utilisation du préservatif parmi les travailleurs du sexe et les faibles taux d’IST.

Une caractéristique des écritures contemporaines anti- travail du sexe est l’utilisation d’une terminologie qui est à la fois répugnante et désobligeante envers les travailleurs du sexe. Raymond et les autres membres de la CATW, dont Sheila Jeffreys, utilisent le terme «femmes prostituées», même si les travailleurs du sexe ont souligné l’impact débilitant du terme, et déclarent sentir son utilisation comme très stigmatisante.

10. Les femmes dans les systèmes de la prostitution ne veulent pas la légalisation ou la dépénalisation de l’industrie du sexe. (Raymond, 2003)

Scarlet Alliance et nos adherents réfutent fermement la declaration de Raymond selon laquelle les travailleurs du sexe “ne veulent pas que l’industrie du sexe soit légalisée ou dépénalisée”. En Australie, les travailleurs du sexe ont appelé publiquement à ce que l’industrie du sexe soit dépénalisée et l’ont fait de façon systématique depuis le milieu des années 1980. Les travailleurs du sexe et nos organisations et réseaux régionaux et internationaux plaident en faveur de la dépénalisation de l’industrie du sexe.

Scarlet Alliance et l’Australian Sex Workers Association, tiennent un forum national de trois jours chaque année. Les délégués travailleurs sexuels de chaque État et Territoire participent tout comme les travailleurs du sexe locaux en tant qu’individus. Le comité exécutif de l’organisation est nommé et élu à l’assemblée générale annuelle joint à la réunion. Scarlet Alliance est informée et dirigée par ses membres travailleurs du sexe et les organisations de travailleurs du sexe / projets / réseaux et groupes. La décision de plaider en faveur de la dépénalisation de l’industrie du sexe en Australie a été mise au point à partir d’une représentation forte par les travailleurs du sexe exigeant qu’une dépénalisation soit introduite dans tous les États et Territoires australiens en Australie. Raymond a clairement décidé de ne pas représenter les vues d’appel publiquement exprimées en faveur de la dépénalisation de l’industrie du sexe par les travailleurs du sexe en Australie et dans de nombreux autres pays, dans une tentative d’induire en erreur les lecteurs.

L’expérience australienne est que les féministes anti-travail du sexe ont à maintes reprises une fausse représentation des points de vue des travailleurs du sexe afin de faire progresser leur propre agenda.

Conclusion:

Scarlet Alliance et nos adhérents recommandons fortement que la voix des travailleurs du sexe devrait être au premier plan de tout débat concernant les lois sur l’industrie du sexe. Ce sont souvent les lois faites pour notre “protection” à l’esprit, qui ont l’impact le plus dévastateur sur notre travail, sécurité et vie personnelle. Un exemple d’un tel modèle est le modèle suédois qui est promu par les féministes anti-travail du sexe dans le monde, bien que les travailleurs et travailleuses du sexe suédoises elles-mêmes experimentent qu’il contribue à des lieux de travail et des pratiques de travail dangereux et à une autonomie diminuée.

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Combien de travailleurs du sexe sommes-nous ?

Le 11 mai dernier, Brice Hortefeux annonce au Sénat que nous serions 18 000 à 20 000 prostitués en France (Le Monde du 11 mai). Sachant qu’il y a officiellement 400 000 travailleurs du sexe en Allemagne, on se demande comment le chiffre français a été trouvé.

En France, plein de chiffres circulent dans les journaux au sujet de la prostitution mais on ne sait jamais d’où ils viennent. Nous ne savons rien de la méthodologie. Aucune étude scientifique n’est jamais citée, seulement des estimations de militants anti-prostitution qui ont tout intérêt à présenter une version partiale des faits afin de renouveler les subventions de leurs associations. Ces associations “lobbient” ensuite le gouvernement pour imposer leurs chiffres.

L’autre source de chiffres est l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) qui travaille directement sous les ordres du gouvernement. L’OCRTEH évalue le nombre de prostitués à partir du nombre de personnes arrêtées. Par exemple, en 1999, l’OCRTEH déclare que “5 000 personnes prostituées ont été contrôlées”. Sans expliquer pourquoi, l’OCRTEH évalue ensuite, dans un rapport d’information, “le plan numérique de la prostitution de rue au double de ces contrôles, soit 10 000 à 12 000 personnes, auquel il convient d’ajouter 3 000 professionnelles qui exercent dans les bars à hôtesse ou salons de massage”.

Nous n’avons donc que des estimations qui ne reposent que sur la répression des travailleurs du sexe travaillant dans la rue. A l’heure de l’Internet et des nouvelles technologies, et étant donné la répression accrue du travail de rue depuis la criminalisation du racolage passif, on pourrait au contraire penser que le travail de rue ne représente plus qu’une minorité de l’industrie du sexe en France. En comparaison, au Royaume-Uni on estime le travail sexuel de rue comme représentant seulement 15 % de l’industrie du sexe britannique (Home Office, 2004) tandis qu’en Suisse, le travail de rue représenterait 13 % des travailleurs du sexe. (Sexworkinfo.net).

Il n’y a qu’en Suède où le nombre de prostitués est plus bas qu’en France. Mais la Suède est également connue pour sa politique anti-prostitution. Là-bas, depuis que les clients sont criminalisés, la prostitution aurait officiellement quasiment disparue. Mais, comme en France, le gouvernement suédois ne comptabilise que le nombre de prostitués de rue, quand bien même il neige cinq mois par an et que les travailleurs du sexe se sont déplacés dans des endroits reclus à l’abri de la surveillance policière afin de conserver leur clientèle.

Les pays comme la France qui ont des politiques répressives envers la prostitution ont tout intérêt à présenter des chiffres faibles, prouvant ainsi l’efficacité de leur système en comparaison des pays qui ont décidé de réglementer ou de tolérer le travail du sexe. En ne comptabilisant que la prostitution de rue qui est la plus visible, ils ne font pas que minimiser le nombre des travailleurs du sexe, ils mettent en avant les travailleurs du sexe les plus précaires, celles et ceux qui ne peuvent pas échapper à la répression policière et préserver leur anonymat.

L’ÉMOTION PLUTÔT QUE LES PREUVES

Parmi les travailleurs du sexe les plus précaires, il y a les migrants. Hortefeux dit à présent qu’il y aurait 80 % d’étrangères parmi les prostituées. Ce chiffre est en nette augmentation par rapport aux données de l’OCRTEH de 1999. On peut y voir deux explications.

La première est que la répression du racolage vise en premier lieu les étrangères. La loi de sécurité intérieure du 18 mars 2003 qui a pour but autant la lutte contre l’immigration que la tranquillité publique des riverains a donc ainsi eu comme effet de gonfler le nombre officiel des étrangères, celles-ci étant arrêtées en priorité par la police.

La seconde, plus politique, est que ce chiffre de 80 % concorde enfin avec celui des groupes anti-prostitution qui prétendent que 80 % des prostituées seraient victimes du proxénétisme et de la traite des êtres humains (dont la Fondation Scelles). L’augmentation du chiffre des prostituées étrangères rend donc leur chiffre sur la traite un peu plus crédible. Mais encore faudrait-il que toutes les prostituées étrangères soient bien des victimes de la traite et non juste des migrantes.

La confusion entre les chiffres et entre les termes est constamment maintenue afin que l’émotion plutôt que les preuves scientifiques guide le législateur et justifie les lois répressives aux yeux du public. Hortefeux annonce qu’un rapport doit être remis fin juin dont l’enjeu est la lutte contre le proxénétisme. Mais là encore de quoi parlons nous exactement?

Quand l’OCRTEH et Hortefeux déclarent que quarante réseaux ont été démantelés en 2009, ils ne parlent que des arrestations, jamais des condamnations. La chancellerie ne communique jamais les chiffres des condamnations, ce qui fait que nous ne savons rien de l’efficacité de la loi de 2003 pour lutter contre le proxénétisme. Et connaissant les modalités des arrestations qui visent surtout à expulser le plus d’étrangers possible, s’agit-il de vrais réseaux de proxénètes avec violence et contrainte ou de communautés d’entraides entre migrants ?

Quand Hortefeux parle de trois types de prostitution, il ne parle que de prostituées étrangères en sous-entendant qu’elles seraient toutes des victimes de proxénétisme. Suivant sa logique, leur nombre étant en augmentation, la loi sur le racolage serait même un échec. Mais dans ces chiffres, où sont les travailleurs du sexe français ? Où sont les travailleurs du sexe hommes ? Où sont les prostituées dites traditionnelles ? Où sont les escortes sur Internet, les mères célibataires dans leur ville de province ou les étudiantes dont tout le monde parle tant ?

La prostitution est confondue avec la traite des êtres humains pour trois raisons. Pour le gouvernement, il s’agit de lutter contre l’immigration en prétendant que toutes les prostituées étrangères sont des victimes de la traite et qu’il leur rendrait service en les expulsant. Pour les groupes anti-prostitution, il s’agit de lutter contre la prostitution elle-même en émouvant le public. Enfin, il s’agit de nier les revendications des travailleurs du sexe en les accusant d’être, soit manipulés par des proxénètes, soit d’être des proxénètes elles-mêmes ou eux-mêmes, soit qu’ils et elles sont minoritaires et donc non légitimes à être entendus.

C’est dommage, car les travailleurs et travailleuses du sexe s’organisent de plus en plus politiquement, notamment au sein du Syndicat du travail sexuel et que leur expertise de l’industrie du sexe pourrait être précieuse afin de lutter sérieusement contre le proxénétisme et la traite des êtres humains, aujourd’hui instrumentalisés à d’autres fins.

Thierry Schaffauser est membre du Strass, le Syndicat du travail sexuel.

Source : LEMONDE.FR | 02.06.10 | 10h25  •  Mis à jour le 02.06.10 | 10h38

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/06/02/combien-de-travailleurs-du-sexe-sommes-nous-par-thierry-schaffauser_1366353_3232.html

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Une légende urbaine : les 40.000 prostituées d’Europe de l’Est importées en Allemagne pour la coupe du monde de football

Source: http://endehors.net/news/une-legende-urbaine-les-40-000-prostituees-d-europe-de-l-est-importees-en-allemagne-pour-la-coupe-du-monde-de-football

Une légende urbaine : les 40.000 prostituées d’Europe de l’Est importées en Allemagne pour la coupe du monde de football.
–> Histoire et trajectoire politique d’une légende victimiste

En France particulièrement, tout ce qui touche à la sexualité est occasion de scandale, de mobilisation des bonnes âmes, voir de véritable chasse aux sorcières en particulier dès qu’il est question de « réseaux », mot magique qui mobilise les fantasmes des foules. Le point culminant de cette « peste sociale » a sans doute été atteint dans l’affaire d’Outreau où l’imaginaire collectif a crée de toute pièce un réseau de pédophiles qui s’est révélé n’être que pure invention mais plus réel que la réalité elle-même.
Le réseau fait recette et mobilise les imaginaires. Les médias dominants en sont friands pour sidérer un peu plus les populations et les divertir des préoccupations trop quotidiennes, accessoirement cela fait vendre, ce qui n’est pas négligeable.
Le réseau est comme l’on dit en langage marchand, un « concept porteur », on l’a vu à l’occasion de l’hystérie collective d’Outreau mais d’autres réseaux produisent les mêmes effets puisqu’ils se composent du même ingrédient : le sexe.
Le réseau prostitutionnel a les mêmes capacités de réveiller les fantasmes collectifs que le réseau pédophile et l’on va voir qu’il est capable de mobiliser des coalitions assez surprenantes allant de la droite autoritaire aux anarchistes.

Une campagne lancée par la CATW(1)

Le 25 janvier 2006, La Coalition Contre la Traite des Femmes (CATW) a lancé une campagne internationale intitulée : « Acheter du sexe n’est pas un sport« . (2)
Que dit cette campagne ? : « Du 9 juin au 9 juillet 2006, 12 villes allemandes accueilleront la coupe du monde de Football. 3 millions de spectateurs environ – majoritairement des hommes – sont attendus ; et l’on estime à 40 000 le nombre de femmes « importées » d’Europe Centrale et d’Europe de l’Est vers l’Allemagne pour les « servir sexuellement ».
L’Allemagne a légalisé le proxénétisme et l’industrie du sexe en 2002. Pourtant les quartiers réservés ne pourront contenir les milliers de touristes sportifs/sexuels prévus. En prévision de cet afflux, l’industrie du sexe Allemande a érigé un gigantesque complexe prostitutionnel en prévision du « boom commercial » durant la Coupe du Monde.
« Le football et le sexe vont de pair » déclare l’avocat du nouveau méga bordel de 3000 m², pouvant accueillir 650 clients masculins, construit à côté du principal stade de la Coupe du Monde à Berlin . Sur des zones clôturées de la taille d’un terrain de football, on a construit des « cabanes du sexe » ressemblant à des toilettes appelées, « cabines de prestation ». Capotes, douches et parking sont à la disposition des acheteurs avec un souci particulier de protéger leur « anonymat »
. »
Cet extrait constitue l’introduction de la pétition de la CATW qui a recueilli à ce jour 121.763 signatures (3).On voit que les arguments évoqués sont capables de rassembler une centaine de milliers de pétitionnaires. Qu’une mobilisation avec un large éventail politique, comme ce fut le cas à l’occasion de la guerre en Irak, soit possible n’a rien de surprenant par contre qu’elle puisse avoir lieu à propos une légende urbaine (4), voilà qui est source d’intéressantes recherches.
Une autre légende urbaine, ayant le même objectif ( discréditer la légalisation de la prostitution en Allemagne ) avait constitué une sorte de ballon d’essai en février 2005, sans avoir l’ampleur prise par celle-ci : il s’agissait alors de prétendre qu’une chômeuse allemande serait obligée d’accepter un emploi de prostituée, sous peine de voir ses allocations supprimées (5). En matière de légende l’imagination ne manque pas.
Quelles sont les informations données par la CATW pour justifier la nécessité d’une campagne de protestations à l’occasion de la Coupe du monde de football ?
40.000 femmes vont être importées des pays de l’Est pour servir sexuellement les millions de spectateurs du Mundial. Le méga-bordel installé pour l’occasion ne contenant que 650 places, on a érigé des zones clôturées de la taille d’un terrain de foot pour y parquer ces femmes qui devront servir sexuellement les hommes dans des cabanes du sexe.
L’image est saisissante de ces femmes, véritables esclaves sexuelles, importées comme du bétail, enfermée dans des camps clôturés et obligées de force à assouvir les instincts sexuels de supporters mâles et avinés. Quoi de plus révoltant en effet.
Mais à y regarder de plus près, les pseudo-informations ne sont que de la désinformation.

Les 40.000 : un chiffre surgit de nulle part

Selon la CATW, « on estime » à 40.000 le nombre de prostituées importées, quel est ce « on », on ne le saura jamais, car ce chiffre ne sort de nulle part, comme dans toutes les légendes urbaine, la source de l’information ne peut jamais être déterminée, évidemment puisqu’il s’agit d’une légende.
En essayant tout de même d’y voir plus clair sur le début de cette affaire de désinformation, on peut en retrouver des traces dans la presse allemande.(6)

D’après la Newsletter Haw-Hamburg c’est en avril 2005 que Ulrike Hauffe, animatrice du Comité des femmes de la ville de Brême a donné ce chiffre de 40.000 prostituées supplémentaires, lors de l’assemblée des délégués des villes allemande puis l’a communiqué à la presse tout en reconnaissant qu’il s’agissait d’une pure spéculation.(7). Puis la revue féminine Emma transforme les 40.000 travailleuses du sexe supplémentaires en « Zwangsprostituierte » ( prostituées forcées ) (8)
Le Conseil des femmes allemandes lance, de son côté une campagne contre la prostitution forcée à l’occasion du Mundial mais précise ( « Le coup de sifflet final-Mettons fin à la prostitution forcée ( 9) : « L’initiative « Coup de sifflet final – Mettons fin à la prostitution forcée » veut profiter de la Coupe du Monde de football pour attirer l’attention du grand public sur ce problème. Elle n’est pas dirigée contre la prostitution légale et choisie. Les droits existants pour les prostituées doivent être élargis. Ils doivent offrir de meilleures conditions de travail, soutenir le choix personnel des prostituées et éviter la stigmatisation sociale. Nous sommes tous responsables du respect des droits des prostituées : la société en général et les clients en particulier doivent les traiter avec respect. »
Cette campagne ne s ‘appuie pas sur l’annonce de l’arrivée des 40.000 prostituées forcées : « À l’occasion de la Coupe du Monde, la demande de services sexuels augmentera, comme on l’a vu lors de grands événements comparables. Des organisations de femmes et de défense des droits de l’homme craignent que le trafic d’êtres humains à des fins sexuelles (prostitution forcée) augmente également. »
La rumeur a poursuivi son bonhomme de chemin : on est passé de 40.000 prostituées supplémentaires à l’occasion du Mundial, à 40.000 prostituées forcées, puis à 40.000 prostituées forcées venus des pays de l’Est (campagne de la CATW), sans que cela repose sur aucune étude sérieuse ni sur aucun chiffrage fiable.

La désinformation concernant les « cabanes du sexe » dans des zones clôturées

Contrairement à ce que pourrait laisser penser la pétition de la CATW, les « cabanes du sexe » n’ont pas été crées par les proxénètes pour exploiter les prostituées venues de l’Est. Ces zones protégées sont mises en place par les municipalités, soucieuses d’améliorer le sort des femmes se prostituant au bord des routes.
C’est à Cologne en 2002 que ce système dit modèle « Utrechter »** a été introduit. Qu’en est-il exactement ? Ce dispositif est destiné aux prostituées victimes de la drogue essentiellement et qui sont peu touchées par les associations de soutien et de prévention puisqu’elles travaillent au bord des routes où le danger d’agression est plus fort qu’ailleurs.
A la fin des années 90, les autorités de la ville tentèrent de contrôler cette zone de prostitution où l’on retrouvait des seringues infectées et de la déplacer arbitrairement mais ce fut un échec. C’est après une concertation qu’en mai 2001, le conseil municipal a décider d’implanter des modèles « Utrechter ». Environs 300 femmes se regroupèrent sur une zone de la dimension d’un terrain de football. Huit « cabines de prestation » équipées d’alarme et d’une porte de secours ont été installées. Grâce à cet endroit protégé, sur les 300 prostituées, 60 ont accepté d’être suivies par les associations d’aide.(10)
La ville de Dortmund a choisi de mettre en place le même dispositif à l’occasion du Mundial sur un terrain désaffecté des chemins de fer : une vingtaine de « cabines de prestation » y seront installées avec du côté passager un bouton déclenchant une alarme. Environs 400 prostituées travaillent sur les bords des routes de Dortmund sont concernées par la mesure.(11)
Le concept du modèle « Utrechter » n’a donc rien à voir avec l’exploitation des femmes par les proxénètes mais constitue une tentative des municipalités pour sécuriser le travail des prostituées travaillant au bord des routes et pour leur permettre d’être soutenues par des associations de prévention alors qu’elles sont encore dans le monde de la drogue.
Les animatrices de la CATW ne peuvent ignorer cette réalité, l’amalgame et la présentation tronquée de ce dispositif sont une tentative de désinformation, pour susciter l’émotion.

Le lobbying de la CATW en France : de la droite aux anarchistes.

Directrice pour l’Europe de la Coalition internationale contre la traite des femmes et la prostitution, Malka Marcovich va développer un lobbying très efficace et tous azimuts de la droite à l’extrême gauche.
Concernant la droite et le gouvernement, elle rencontre le ministre de la jeunesse et des sports pour faire connaître la campagne. Visiblement l’opération est couronnée de succès puisque François Lamour le ministre non seulement lui adresse des « Chère Malka » mais semble prêt à l’aider autant qu’elle le souhaite : « A l’époque, chère Malka, je vous avais demandé, en quoi pouvais-je être utile ? »(12). Ce lobbying efficace aboutit à la diffusion d’un clip sur les chaînes de télévision(13), quant à François Lamour il « entre en campagne contre la traite des femmes » (14). Le site web de l’UMP, par la plume de Roselyne Bachelot ajoute sa touche à la pétition « Acheter du sexe n’est pas un sport » (15). Le Secours catholique n’est pas en reste et fait de même (16)
Mais le lobbying de la CATW ne s’arrête pas à la droite, en effet selon l’Humanité : « Interpellés par la Coalition internationale contre la traite des femmes (CATW), le PCF, le PS, les Verts, l’UDF et l’UMP étaient invités à prendre position. ». Ce qui fut fait puisque : « Les cinq principales formations politiques françaises demandent la fermeture des maisons closes avant l’ouverture du Mondial »(17) et le lundi 29 mai, une conférence de presse organisée par la « Coalition against trafficking in women » (Coalition contre la traite des femmes), réunit des représentants de l’ensemble de la classe politique (PS, Verts, UMP, PCF, UDF) (20)
Le journal l’Humanité est d’ailleurs un relais particulièrement zélé puisqu’il publie une interview de Malka Marcovich (18) et plusieurs articles sur le même sujet.
Non seulement la campagne « acheter du sexe n’est pas un sport » est relayées par les 5 principaux partis politiques toutes tendances confondues(19) mais « la gauche de la gauche » est également mise à contribution : la CATW s’alliant avec deux organisations féministes ( la Coordination Française Marche Mondiale des Femmes et le Collectif National Droits des Femmes ) réussit à réunir une vaste coalition pour organiser une manifestation le 30 mai 2006 devant l’ambassade d’Allemagne. On notera au passage que deux groupes libertaires sont signataires de l’appel ( Alternative libertaire et Femmes Libres de Radio Libertaire ).( 23)
De son côté la LCR reprend à son compte l’information fantaisiste des 40.000 femmes «importées » d’Europe centrale et d’Europe de l’Est.(21), les Alternatifs recopient presque mots à mots le texte de la pétition de la CATW (22).La Fédération anarchiste sort un tract intitulé « Non à la coupe du monde du foutre » reprenant à sa façon et d’une manière assez surprenante la légende urbaine sur l’arrivée massive de prostituées venues de l’Est et … d’Amérique latine : « Ainsi, le plus grand bordel d’Europe, Artémis, peut accueillir à Berlin, 650 clients pour 100 prostituées et ce n’est que le premier d’un marché florissant. La conséquence directe de la création d’Artémis est l’arrivée de milliers de prostituées venues des pays économiquement dépendants (Europe de l’est mais aussi de l’Amérique latine). »(24)
Soulignons qu’Artémis n’héberge que 40 à 80 prostituées et que sa capacité va jusqu’à 210 clients par jour (25). On se demande bien où un tel établissement hébergerait des milliers de prostituées venues de l’Est ou d’Amérique du Sud.
Comment expliquer que le lobbying de la CATW ait réussi à mobiliser derrière sa campagne « Acheter du sexe n’est pas un sport » un tel éventail de la gauche extra-parlementaire et de l’extrême-gauche ? C’est que ces organisations suivent systématiquement et pour ainsi dire les yeux fermés tout ce que disent deux groupes féministes, la Coordination Française Marche Mondiale des Femmes et le Collectif National Droits des Femmes, le choix de la CATW de s’associer à ces deux groupements lui assurait ensuite la signature d’une cohorte d’organisations qui ne prit sans doute pas la peine de vérifier les informations, d’autant que le sujet était politiquement correct et n’engageait à pas grand chose, tout en permettant de se donner une bonne image.

Quelques voix discordantes qui ne furent pas écoutées :

Les voix discordantes essayant de garder raison et de mettre en doute la validité de cette campagne furent peu nombreuses. SOS Femmes Accueil émit des doutes et son propos mérite d’être reproduit : « 40.000 femmes victimes de la traite forcées de se prostituer pendant la coupe du monde de football à Berlin : une rumeur ?
La pétition « acheter du sexe n’est pas un sport » lancée par la Coalition Contre la Traite des Femmes (CATW) a fait le tour du web et des médias. Le texte indique que « l’on estime à 40.000 le nombre de femmes « importées » d’Europe Centrale et d’Europe de l’Est vers l’Allemagne pour (…) « servir sexuellement » 3 millions de spectateurs environ – majoritairement des hommes
« . Selon le magazine Envoyé Spécial diffusée sur France 2 le 18 mai 2006, ces « informations » pourraient être une simple rumeur répandue par une association qui lutte contre la prostitution et sa réglementation. Aucune des investigations menées par les journalistes, tant auprès des autorités de police chargées de la lutte contre la traite des êtres humains, des associations, des prostituées travaillant actuellement à Berlin, de certains gérants d’Eros Centers, etc., n’a permis ni de confirmer les informations ni de comprendre comment le chiffre (énorme) de 40.000 femmes avancé par la Coalition Contre la Traite des Femmes (CATW) avait été évalué. »(26)
Le blog de Caroline Bruneau « Berlin, Berlin, ma vie à l’Est » donne de son côté une explication sur le calcul pour aboutir au chiffre de 40.00 : « Quant au chiffre de 40000 prostituées, il est le résultat d’un malin petit calcul, suivez-moi bien :
-il y a 40 millions d’hommes allemands
-or il y a 400 000 prostituées en Allemagne
-or on attend 4 millions de supporters
-donc mathématiquement le nombre de filles augmentera de 40 000.
Bien tourné, n’est-il pas?
»(27)

Avec la fin de la coupe de monde de football, voyons ce qu’il en est réellement de la vague des 40.000 prostituées forcées.

L’Arlésienne : mais où sont-elles donc passées ?

Selon une dépêche de l’AFP du 10 juin 2006 : « En dépit de prévisions alarmistes, la police allemande et les associations spécialisées n’ont constaté pour l’heure aucune recrudescence de la prostitution forcée à l’occasion du Mondial de football… » . « Pour le chef de la police criminelle de Hambourg (nord), Detlef Ubben, cité jeudi par l’édition en ligne du magazine Der Spiegel, « rien n’indique que le milieu (des proxénètes) se soit particulièrement préparé à la Coupe du monde ». D’ailleurs, avec 2400 prostituées déjà installées dans la ville hanséatique, il ne reste plus beaucoup de place pour de nouvelles arrivantes, a-t-il souligné. »
A propos des 40.000 : « « C’est une rumeur, un chiffre totalement exagéré », s’emporte Nivedita Prasad, d’une organisation berlinoise d’aide aux femmes en détresse « Ban Ying » (« Maison des femmes » en thaïlandais). « Les proxénètes n’ont aucun intérêt à faire venir des filles uniquement pour la Coupe du monde. Pour cinq semaines, ça ne vaut pas le coup« , explique-t-elle à l’AFP.(28).
Selon une dépêche d’AP. : « A Cologne, Burkhard Jahn, porte-parole de la police, souligne que « la hausse attendue n’a pas eu lieu ». Selon lui, la ville n’a noté aucune augmentation significative du nombre de prostituées et les maisons closes locales ont rapporté que leurs pensionnaires « étaient toutes désoeuvrées ». ». « La plupart des villes hôtes estiment que la prostitution est restée à un niveau normal durant la compétition, alors que Nuremberg a fait état d’une progression de 10% du nombre de prostituées légales. Munich a également signalé une forte hausse de leur nombre au début du tournoi, mais qui n’a pas duré. »
« Au début de la Coupe du monde nous avons observé une hausse de 50% à 60% » des prostituées déclarées, a précisé Peter Breitner, de la police de Munich. Mais « la plupart des femmes sont retournées chez elles, et nous sommes revenus à un niveau normal. » » (29)
La police allemande n’a donc jamais trouvé ces fameuses 40.000 prostituées forcées, parquées dans des zones clôturées, simplement parfois une hausse temporaire du nombre de prostituées légales, provoquée sans doute pas des déplacements à l’intérieur de l’Allemagne.
Mais les partisans des campagnes pour des causes imaginaires ne désarment jamais : certes, les 40.000 ne seraient pas au rendez-vous mais ce serait du à la campagne de prévention des associations abolitionnistes ou à la campagne contre la prostitution forcée qui aurait contraint le gouvernement allemand à agir en faisant descendre la police dans les lieux de prostitution : « Une agence suédoise et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont attribué ce résultat aux efforts préventifs engagés par la police allemande et par des activistes oeuvrant contre le trafic d’êtres humains. » « Selon les chercheurs, les autorités allemandes, qui ont subi des pressions de l’Union européenne, des Etats-Unis et du Vatican, ont multiplié les descentes dans les sex shops et les maisons closes pour sévir contre ce trafic avant la Coupe du monde. »(30)
Le problème, c’est que lors des descentes de police celle-ci n’a pratiquement rien trouvé, seulement des immigrées sans papiers, n’ayant rien à voir avec la prostitution, qui ont été expulsées : « Le seul moyen que la police connaît contre le commerce humain, c’est la descente de police. En Hesse, Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Bavière, des centaines des agents de police passent le milieu au peigne fin depuis début mai. Ils ont trouvé surtout des femmes qui travaillent illégalement en Allemagne, parce qu’elles n’ont pas de permis de travail ou de séjour. Mais elles sont ici volontairement. Des prostituées forcées n’ont été découvertes jusqu’ici que rarement. » (31)
Une question se pose : comment en est-on arrivé là et pourquoi ? Comment une rumeur a-t-elle pu mobiliser la quasi totalité des forces politiques de la droite à l’extrême-gauche dans un tel unanimisme ? Le moment le plus savoureux de ce psychodrame collectif étant certainement la séance du 4 avril 2006 qui s’est tenue à l’assemblée nationale (37) où une députée du PCF, ayant sans doute bien étudié ses dossiers, déclara à propos d’Artémis : « Cette entreprise du sexe, comme l’évoquent fièrement ses concepteurs, « la plus grande maison close du monde », est conçue sous la forme d’une succession de « cabanes » ressemblant à des toilettes qui pourront accueillir jusqu’à 100 prostituées et 650 clients à la fois. » Les lecteurs curieux pourront à l’occasion aller voir les photos des « cabanes » en lisant différents reportages consacrés à Artémis (32) : des « cabanes » avec piscine intégrée, voilà qui n’est pas commun ! Au domaine de la confusion, la légende urbaine est reine !

Une hystérie politique ?*

Pour tenter de trouver une explication à ce délire collectif ne reposant sur aucun fait précis mais uniquement sur la construction fantasmatique d’une légende urbaine, je propose l’éclairage donné par Emmanuel Terray sur l’hystérie politique (33).
« Qu’est-ce que l’hystérie politique ? Soit une communauté confrontée à une situation ou à un problème difficiles, qui mettent profondément en cause, sinon son existence, au moins sa manière d’être et la représentation qu’elle se donne d’elle-même. Si elle ne trouve pas en son propre sein l’énergie et les moyens nécessaires pour transformer cette situation ou résoudre ce problème, si en conséquence elle se sent à la fois menacée et impuissante, elle peut être tentée par une sorte de conduite de fuite ; de la situation réelle qui la met à l’épreuve, elle va se fabriquer une image déformée et fantasmatique ; au problème réel dont elle ne vient pas à bout, elle va substituer un problème fictif, imaginaire, construit de telle sorte qu’il puisse être traité avec les seules ressources du discours et par le seul maniement des symboles. Comme il est toujours possible de parler et de jouer sur les symboles, la communauté peut ainsi se donner à bon compte le sentiment qu’elle a vaincu la difficulté, et recommencer à vivre comme avant. »

C’est un euphémisme de dire que la question de la prostitution n’est pas résolue en France entre deux positions qui aboutissent au même résultat : faire disparaître sa manifestation publique soit parce qu’elle constitue un scandale pour les bonnes moeurs et le voisinage ( version Sarkozy de la répression du « racolage passif » ) soit parce qu’elle est une offense à l’idéologie de l’amour et du couple ( version PS de la pénalisation du client ), le tout bien sur pour l’intérêt des prostituées que l’on écoute uniquement si elles sont « repenties ». Nous voilà bien avec un problème difficile mettant en cause la représentation que nous avons de nous-même : le couple et l’amour, deux piliers de notre construction sociale moderne, « menacés » par l’existence même de la prostitution et un refus de regarder la réalité en face (34). Le Mundial a fourni l’occasion de la création d’une image fantasmatique : celle de l’arrivée de 40.00 prostituées forcées venues des pays de l’Est, importées par des réseaux de traite humaine. Ce problème fictif, puisque totalement inventé par un lobby victimiste va permettre à toutes les forces politique de le traiter par le discours ( et de ce point de vue le débat reproduit ci-dessous à l’assemblée nationale est sans doute le plus intéressant ) et par le recours au symbole de la femme victime, symbole particulièrement porteur en termes de reconnaissance politique puisqu’il est repris par toutes les forces politiques de la droite à l’extrême-gauche, sans être discuté ni analysé (35). Pétitionner, discourir sur une situation fictive, permet ensuite de vivre avec une situation inchangée et qu’on refuse de voir : celle des prostituées en France et de la répression dont elles sont l’objet. Protester contre un événement fictif présente également un double avantage : celui de gagner à coup sur. En effet la plupart (et processus de médiatisation aidant ) des personnes mobilisées par cette action sont déjà passées à autre chose et ne se préoccupent plus de la question, pour les plus investis et qui veulent voir le résultat, il suffira de dire que la campagne menée a eu une vertu de prévention, le gouvernement allemand ayant pris des mesures sous la pression de l’opinion. Nous avons vu que la police n’a pas constaté l’arrivée sur le territoire allemand des cohortes de prostituées tant attendues par les victimistes mais que des femmes sans papiers ont fait les frais de l’opération.
Emmanuel Terray ajoute : « Bien entendu, dans tous les cas évoqués, l’effet de la conduite hystérique n’est pas de dissiper le danger qui presse ou de résoudre le problème posé ; bien au contraire, elle représente vis-à-vis d’eux une sorte d’aveu d’impuissance. Mais elle permet au sujet individuel ou collectif de gagner du temps, de déguiser le danger ou le problème, de les mettre en quelque sorte à distance et ainsi de vivre avec eux, aussi longtemps du moins qu’ils demeurent chroniques et ne connaissent pas d’aggravation brutale. »
Il explique également par quel procédé le problème réel peut-être mis entre parenthèse : « le problème initial continue donc d’attirer l’attention par ses effets, et il reste toujours quelques observateurs épargnés par l’hystérie pour rappeler son existence. Dans l’hystérie collective, il y a donc moins refoulement que neutralisation, selon ce que j’appellerais volontiers la technique du « coup de chapeau donné en passant » : le problème initial est certes évoqué, mais un artifice rhétorique vient bientôt le mettre en quelque sorte entre parenthèses, et le discours peut alors se tourner vers le problème de substitution et poursuivre son cours comme si de rien n’était. ».

Reste une question : comment une rumeur a-t-elle pu envahir à ce point tout le corps social, toutes les formations politiques sans restriction ? C’est que toutes fonctionnent selon le même principe de la division des tâches et de l’expertise. Division des tâches entre hommes et femmes : aux hommes les question importantes ( l’économie, la politique ) aux femmes les questions dites secondaires ( la famille, les enfants, la santé ) et de la droite à l’extrême gauche la reproduction de cette division n’est pas remise en cause. Elle ne l’est pas non plus par le lobby victimiste qui l’utilise à son profit dans une stratégie de pouvoir ( avec la complicité du machisme traditionnel des hommes politiques ). En effet grâce à l’expertise, les femmes sont devenues dans les formations politiques les expertes de ces questions. Ainsi il n’est plus besoin d’en discuter, il suffit de s’en remettre au savoir des expertes (36 ). Pouvoir d’autant moins contesté que le lobby victimiste utilise une rhétorique a la fois très agressive et culpabilisatrice.

Alors que cette campagne avait pour objectif de protéger des prostituées contre la traite des femmes, ce sont les plus vulnérables d’entre elles, les femmes sans papiers qui furent expulsées d’Allemagne à l’occasion des descentes de police à la recherche de prostituées forcées fantasmatiques. Mais qu’importe il fallait avoir bonne conscience.

Libertad

Notes :
(1)Lire à ce sujet : http://endehors.org/news/8136.shtml
(2)Voir le site crée à cette occasion : http://catwepetition.ouvaton.org/php/index.php
(3)Chiffres à la date du 17 juin 2006
(4)A propos des légendes urbaines, lire :
http://www.hoaxbuster.com/interviews/detail.php?idInterview=3186
(5)http://endehors.org/news/7228.shtml
(6)Taz du 4 janvier 2006 http://www.taz.de/pt/2006/01/04/a0139.1/text
(7)Newsletter Haw-Hamburg du 9 mai 2006, article d’Emilija Mitrovic http://newsletter.haw-hamburg.de/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=632&mode=thread&order=0&thold=0
(8)Emma janvier-février 2006 http://www.emma.de/06_1_zwangsprostituierte_wm.html
(9)http://www.frauenrat.de/files/abpfiff_unterschr_fbg_frz.pdf
(10)Taz du 25 février 2005 http://www.taz.de/pt/2005/02/25/a0001.1/text.ges,1
(11)WM 2006 im Ruhrgebiet http://www.wm2006do.de/Prostituierte_und_die_WM.135.0.html?&tx_jppageteaser_pi1%5BbackId%5D=6
(12)Discours de François Lamour lors de la présentation du clip
(13)Nouvel Obs.com http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=sport/20060524.FAP8591.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/
(14)Libération du 24 mai 2006 : http://www.liberation.fr/page.php?Article=384707
(15)http://www.u-m-p.org/site/actualite.php?IdActualite=1210&ActualiteType=Tribune*
(16)http://www.secours-catholique.asso.fr/action_internationale/europe_824.htm
(17)http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-05-30/2006-05-30-830714
(18)http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-05-30/2006-05-30-830656
(19)Pour le PS lire : http://www.parti-socialiste.fr/tiki-index.php?page=060508_05_communique
(20)http://www.parti-socialiste.fr/tiki-index.php?page=CoupeDuMondeProstitution
(21)http://www.lcr-rouge.org/article.php3?id_article=4069
(22)http://www.alternatifs.org/presse/journal/241.pdf
(23)http://www.solidaires.org/article9043.html
(24)http://public.federation-anarchiste.org/breve.php3?id_breve=50
(25)Le Temps du 24 mai 2006 : http://www.letemps.ch/template/recherche.asp?page=rechercher&contenuPage=afficheArticle&edition=&rubrique=
(26)http://www.sosfemmes.com/archives_bulletin_info/archives_2006.htm
(27)http://berlin.blog.20minutes.fr/archive/2006/06/09/juste-une-mise-au-point.html
(28) http://www.cyberpresse.ca/article/20060610/CPACTUEL/606100529/0/MVCOURSE et http://www.20minutes.fr/articles/2006/06/10/dossier_Pas_de_recrudescence_apparente_de_la_prostitution_forcee.php
(29)http://www.tqs.ca/sports/2006/07/S070513AU.html
(30)http://permanent.nouvelobs.com/sport/20060704.FAP7116.html
(31) Courrier international n°813 du 1er juin 2006-Article de Die Tageszeitung, Berlin Taz 22/05/2006 http://www.taz.de/pt/2006/05/22/a0114.1/text
(32)http://www.24heures.ch/vqhome/le_journal/sports/dossier_coupe_du_monde/XXXCMS_Bordel_230606.edition=rc.html et aussi http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/4765351.stm
(33)La question du voile : une hystérie politique : http://www.amis.monde-diplomatique.fr/article.php3?id_article=303

(34)De nouvelles zones de non droit : des prostituées face à l’arbitraire policier : http://www.lesputes.org/ldh.pdf
(35)La critique du symbolisme de la femme victime n’est pas une remise ne cause des violences que subissent les femmes mais une critique de l’identification entre femme et victime
(36)La méthode utilisée au PS pour y intégrer dans son programme vers 1h30 du matin sans le moindre débat, la pénalisation des clients des prostituées est symptomatique de ce fonctionnement
(37)http://www.assemblee-nationale.net/12/cri/2005-2006/20060188.asp

* « Elle ( l’hystérie politique ) atteint sinon l’ensemble, du moins la grande majorité des membres de la communauté, y compris, parmi eux, de très nombreux individus qui, sur le plan personnel, demeurent parfaitement sains et équilibrés, même lorsqu’ils se font les agents actifs de sa propagation. » ( 33)

**C’est la ville D’Utrecht qui est à l’origine de ce concept.

Annexe : débat à l’assemblée nationale (37)

Attitude de la France vis-à-vis de la prostitution organisée à l’occasion de la Coupe du Monde de football
M. le président. La parole est à Mme Muguette Jacquaint, pour exposer sa question, n° 1548, relative à l’attitude de la France vis-à-vis de la prostitution organisée à l’occasion de la Coupe du Monde de football.
Mme Muguette Jacquaint. Monsieur le ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, du 9 juin au 9 juillet prochain, douze villes allemandes accueilleront la Coupe du Monde de football. Pour l’occasion, un gigantesque complexe de 3 000 mètres carrés, dont Mme de Panafieu a d’ailleurs déjà parlé, a été ouvert à Berlin il y a plusieurs mois. Celui-ci a pour vocation d’offrir, en majeure partie aux hommes, les prestations de prostituées.
Ce complexe a été appelé « Artémis », une provocation lorsqu’on sait qu’il s’agit du nom d’une déesse grecque ayant fait vœu de chasteté et de virginité ! Cette entreprise du sexe, comme l’évoquent fièrement ses concepteurs, « la plus grande maison close du monde », est conçue sous la forme d’une succession de « cabanes » ressemblant à des toilettes qui pourront accueillir jusqu’à 100 prostituées et 650 clients à la fois.
Ce centre viendra en appoint aux quartiers réservés qui existent depuis la légalisation du proxénétisme et de l’industrie du sexe en 2002. En Allemagne, les proxénètes sont en effet assimilés à des « gérants » et les prostituées à des « travailleuses du sexe ».
Il est à prévoir que cette dix-huitième Coupe du Monde de football battra tous les records en matière de racolage, puisque l’on évoque le chiffre de 40 000 femmes « importées » des pays de l’Est, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie.
Face à cet afflux massif de prostituées, la fédération allemande de football a décidé de réagir par une campagne baptisée « Coup de sifflet final ». Menée en partenariat avec le Conseil national allemand des femmes, elle dénonce les risques réels de prostitution forcée et de traite d’êtres humains. Cette campagne vient de recevoir l’appui du Parlement européen. De son côté, le commissaire européen à la justice a suggéré de rétablir l’obligation de visa pour certains pays pendant la période de la Coupe.
Ces initiatives contre la prostitution forcée vont dans le bon sens, mais elles se refusent malheureusement à dénoncer la prostitution officielle qui explosera littéralement à l’occasion de cet événement sportif.
Hélas, quand la prostitution est légalisée, la prostitution illégale ne décroît pas, bien au contraire ! Comme le reconnaît la BKA, l’Office fédéral de la police criminelle, « il est en effet très difficile de faire la part entre la prostitution légale et la prostitution illégale ». C’est pourquoi je me permets de vous interpeller, monsieur le ministre.
La France a ratifié les conventions contre la prostitution et la traite. Compte-t-elle condamner cette prostitution organisée comme contraire aux valeurs sportives d’égalité, de respect mutuel et de non-discrimination ? A-t-elle protesté officiellement, ou va-t-elle le faire, auprès du gouvernement allemand contre l’ouverture de tels centres ?
La France et la Fédération française de football s’honoreraient à se dissocier publiquement de cette initiative allemande d’organiser la prostitution à grande échelle en marge de la Coupe du Monde. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative.
M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative. Madame Jacquaint, depuis mon arrivée au ministère des sports, en 2002, j’ai mené une politique volontariste qui vise à réaffirmer et à défendre les valeurs du sport. C’est au nom de ces valeurs et de principes éthiques que je promeus le modèle d’organisation du sport français reposant sur l’unité entre sport amateur et sport professionnel, sur la complémentarité entre le haut niveau et un sport accessible au plus grand nombre, notamment aux publics en difficulté. Je me fais du sport une haute idée – je crois que ce sentiment est largement partagé dans cet hémicycle –, car il signifie avant tout le respect de la personne humaine. Or, la prostitution et la traite constituent une négation de ce respect.
J’ai évoqué cette grave question avec Mme Ursula von der Leyen, ministre allemande de la famille, des personnes âgées, de la femme et de la jeunesse, lors du dernier sommet franco-allemand qui s’est tenu à Berlin le 14 mars dernier. Je lui ai d’ailleurs adressé un courrier à la suite de cette rencontre. Mme de Panafieu a, de son côté, signé une pétition contre la construction de cet équipement destiné à la prostitution.
Je me suis également entretenu avec Mme Malka Marcovich, directrice pour l’Europe de la Coalition contre la traite des femmes, organisation internationale qui bénéficie d’un statut consultatif auprès de l’ONU sur les questions de la prostitution.
Sur un plan pratique, j’ai pris l’initiative, avec le président de la Fédération française de football, de m’adresser aux passionnés de football français susceptibles de se rendre en Allemagne pour la Coupe du Monde de football. Un message sera ainsi délivré au public à l’occasion des matchs amicaux de préparation à la Coupe du Monde qui se joueront au Stade de France et peut-être dans d’autres stades français à compter du mois de mai.
Madame la députée, vous pouvez compter sur mon engagement et ma détermination pour rappeler que le sport ne doit jamais être associé à des entreprises à ce point étrangères à son esprit et contraires au respect de la personne humaine. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. La parole est à Mme Muguette Jacquaint.
Mme Muguette Jacquaint. Je vous remercie, monsieur le ministre, de cette réponse. De nombreux élus, associations de femmes et sportifs tiennent en effet à montrer que, en aucun cas, le sport ne peut être associé à cette entreprise de traite des êtres humains. En réponse aux milliers de pétitionnaires, il fallait que cela doit dit très clairement. Votre communiqué donnera une bonne image de la France.

Mis en ligne par libertad, le Mardi 18 Juillet 2006,

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